Valhère sort son premier album Attrape moi. Et pour un premier essai, c'est réussi. Entourée par des pointures de la scène Rock, elle offre douze titres à la poésie sombre. Ce sont Denis Barthe (Batteur de Noir Désir) et Christian Olivier ( chanteur des Têtes Raides) qui, respectivement, orchestre/arrange et produit son album.

Et si Valhère a séduit ces artistes exigeants, c'est qu'il y a une sorte d'évidence: auteur-compositeur, elle se démarque tout de suite de ce qu'on entend à longueur d'ondes. Plaçant les émotions en première ligne, c'est d'une voix âpre et puissante qu'elle parle de la beauté et de la fragilité des femmes et de cette impatience de vivre. Vous connaissez le vers d'Apollinaire : "comme la vie est lente, et comme l'Espérance est violente".

On dirait Valhère traversée par une force libératrice, que Barthe a respectée en limitant les orchestrations au plus près de la peau de la chanteuse. Son rock me rappelle celui des Dix Petits Indiens, groupe de l'écurie Boucherie Production à la fin des années 80, et dans une autre mesure, les premiers albums de Mano Solo.

C'est comme si la société n'était pas porteuse de promesses à la hauteur de leur soif de vivre, comme s'il n'y avait pas d'ambitions personnelles à nourrir. Comment échapper à une vie de soumission, de compromission. Comment s'en sortir sans se jeter par la fenêtre avec ses ailes de cire?

Alors la rage et le défi se mêlent dans sa voix, au rique d'un phrasé un peu trop sérieux, d'un visage aux sourcils froncés. Valhère si proche de "Galère" à une lettre près. Mais c'est la lettre "V" de la Victoire. Histoire de fixer la lumière au bout du tunnel et de se battre encore pour ses rêves.