Comédie
dramatique de Martin Crimp, mise en scène de Marc Paquien,
avec Hélène Alexandridis, Marianne Denicourt,
André Marcon et Janaïna Suaudeau.
Dans l'œuvre de Martin Crimp,
auteur dramatique qui a le vent en poupe, les grandes lignes
thématiques sont récurrentes.
La récurrence est également une constance pour
la représentation de ses textes : scénographie
minimaliste et esthétisante (en l'espèce froid
décor en gris et noir de Gérard
Didier), lumières très travaillées
(signées ici Roberto Venturi)
et travail au cordeau sur les mots pour la mise en scène
de Marc Paquien qui repose sur une
traduction ciselée de Philippe Djian qui élude
les psittacismes anglo-saxons charmants en langue originale
mais plombants en version française.
Comme dans "La campagne" actuellement à l'affiche
de la Maison des Métallos, "La
ville" plonge au cœur du couple et sonde la
cosa mentale d'une femme.
En l'espèce, la femme exerce l'ambigu métier
de traducteur, métier aux accointances troubles avec
le désir d'écrire de son officiant, si bien cernées
par un traducteur émérite Dezsö Kosztolanyi
dans sa nouvelle "Le traducteur cleptomane", pour
qui la vraie vie est ailleurs. La vacuité de la vie ordinaire
ne peut dès lors être exorcisée que par
la reconstruction du réel avec la métaphore de
la ville dont la clé d'interprétation ne sera
éclairée qu'à la toute fin de la pièce.
Marianne Denicourt donne à
ce personnage une consistance éthérée qui
colle à cet univers incertain, jamais totalement cerné,
entre réalité, fiction, non sens et peut être
aliénation mentale. Difficile de savoir si les personnes
qui gravitent autour d'elle existent ou ne sont, ou deviennent,
des personnages : une voisine infirmière, à qui
Hélène Alexandridis
donne subtilement une bien inquiétante étrangeté,
sa réplique miniature en petite fille incarnée
par la délicieuse Janaïna Suaudeau
et, bien évidemment, le mari.
Le mari, cadre touché par le chômage reconverti
en boucher, est incarné par André
Marcon, tout simplement fabuleux. |