Spectacle de Patrick Robine mis en scène par François Rollin

Le spectacle de Patrick Robine est à l'image de sa biographie. Quand on lit : "Né d'un père spahi et d'une mère ouvreuse, a été petit chanteur à la Croix Saint André, apprenti quincaillier en gros, photographe industriel, démonstrateur de jouets mécaniques, gratteur de morues en cale sèche, premier prix de comédie et de diction, plongeur dans un restaurant canadien, serveur et maître d'hôtel aux Bahamas, nez-parfumeur", on se dit que le personnage doit être singulier et son emploi de grand interprète animalier, botaniste et forestier plutôt loufoque.

En tenue de smoking décontracté, la chevelure argentée digne d'un peintre du 19ème siècle, la ride du bourlingueur, le verbe précis, voire scientifique, l'humour ravageur, le ton grave et monocorde propre aux conférenciers, il nous narre un voyage en ballon , non pas en solitaire mais en compagnie de la séduisante potiche Rita Martini, ponctué de quelques illustrations sonores pour le moins cocasses et anachroniques (comme il amène bien, le bougre, sa célèbre interprétation de l'œuf frit à l'américaine), provoquant la transmutation d'éléments réels ou tangibles pour un voyage déliro-burlesque air, terre, mer sur la planète.

Jules Verne contemporain, son spectacle est le pendant de "Cinq semaines en ballon", "Voyage au centre de la terre", "20 000 lieux sous les mers" et "le tour du monde en 80 jours" confondus, pas moins que cela, qui nous emmène pour un voyage immobile du pôle nord aux mines de charbon diamantifères en passant par les Charentes. De la migration du bulot au kangourou, de la moule à fourrure du Tibet au requin marteau qui fabrique des étagères avec le poisson scie, toutes les merveilles des espèces même les plus banales sont passées en revue dans ce ballon devenu arche de Noé.

Mais qu'on ne s'y trompe pas. Cette montgolfière aux propriétés magiques, en bambou du Jura doublée de toile de Jouy notamment, n'est pas à prendre au pied de la lettre, et Robine s'y entend pour lui faire des pieds de nez ; ce n'est rien d'autre qu'une petite bulle destinée à transporter votre esprit rêveur dans les cieux éthérés de l'imagination et de la fantaisie.

Il est évident que ce spectacle ne laisse pas indifférent : de ceux qui restent interloqués de stupeur s'attendant à un spectacle d'imitations ou confondus devant tant d'irrationalité à ceux qui s'esclaffent bruyamment à la moindre tirade parce quand même ils sont venus pour rigoler, toutes les attitudes se côtoient dans la salle.

Robine demeure imperturbable.