Comédie dramatique écrite et mise en scène par Nicolas Pomiès, avec Jean-Claude Aumont, Corélie König et Charles Schneider.
Avec "La tondue", drame au titre explicite, Nicolas Pomiès revient, par le biais d'un huis clos familial, sur un épisode peu glorieux de la Libération où le pays est saisi d'un besoin frénétique d'épuration à la philosophie contingente, équivoque et contaminée par la confusion des crimes et la dérive de la pratique de règlements de compte personnels.
Dans un atelier en sous-sol dans lequel parvient la fureur de la ville en quête de boucs émissaires, un vieil homme, perruquier de son état, travaille sur le produit de ces exactions rapporté par son gendre coiffeur qui découvre sa fibre patriotique au bout de sa tondeuse.
Entre eux que tout oppose, deux femmes. L'une, absente, fille du premier, épouse de l'autre, est partie, il y a bien longtemps déjà, avec un allemand. L'autre, sa fille, une jeune fille dont le destin, à l'instar de celles des héroines des tragédies classiques, est déjà tracé avant même que le rideau ne se lève.
L'écriture homothétique de Nicolas Pomiès trace de beaux portraits d'hommes ordinaires emportés dans la tourmente et saisis dans leur fragilité et leur humanité. Ce dernier, également à la mise en scène, une mise en scène entre post-réalisme et distanciation introspective, donne une belle résonance à son texte.
L'interprétation est parfaite, qu'il s'agisse des comédiens aguerris, Jean-Claude Aumont, qui prête à son personnage de patriarche libertaire une belle figure, et Charles Schneider, excellent dans le rôle de l'homme pitoyable, ou de la jeune et convaincante Corélie König.