Pour cette troisième édition du festival GéNéRiQ, tout devait mal commencer.
Une tempête de moyenne amplitude passait par Dijon seulement 3 jours avant la soirée d'ouverture, rasant le chapiteau qui devait accueillir pour la première année une deuxième scène et une buvette.
C'est sans compter sur la motivation des troupes sur place qui décidèrent de poursuivre le festival et démarrer le jeudi 12 février avec une affiche alléchante.
Si la crise piquait la moutarde à Dijon, la tempête n'emporterait pas le festival GéNéRiQ des terres bourguignonnes.
Le premier groupe à se coller au réchauffement de la salle est Handsome Furs. Duo monté par Dan Boeckner, chanteur de Wolf Parade et Alexei Perry, romancière supposée.
La mise en bouche est réussie avec ce premier show, la voix de Dan Boeckner fait son effet et le jeu de jambe de sa colocataire sur scène souffle un léger vent de rock'n roll. Même en duo, le tout fait son effet. Le public pour la plupart statique se laisse prendre au jeu chanson après chanson, les jambes se réchauffent et on commence à sentir la pression monter au nez.
Quand Au Revoir Simone s'installe, c'est une autre histoire, trois grandes et jolies filles aux cheveux longs avec tendres sourires et beaux regards qui tapotent sur leur clavier. Les cinquante minutes de leur set balancent entre lenteur et fulgurance. Certains titres sont très posés et minimalistes confirmant les dires sur cette musique considérée comme MAB (musique à baiser).
On sombre dans nos propres pensées bercées par les voix mêlées des trois filles, jusqu'à reprendre conscience quand elles annoncent un titre dansant. On a parfois l'impression de regarder trois magnifiques rouleaux de sopalins à fleurs et deux minutes plus tard, trois poupées qui gesticulent comme des épouvantails dans le vent.
Le côté sympathique sera de les retrouver à côté de leur boutique en train d'assurer le service après vente auprès de leurs fans.
Pour The Walkmen, on change encore complètement de style. Revenant aux sources même du rock, les cinq américains forment le premier groupe à s'emparer de la grande scène de la salle.
Leur prestation démontre leur classicisme et sérieux du rock'n roll. Auteurs de cinq albums tous très bons (dont le dernier You&Me sorti l'été dernier), le groupe soudé s'échange les instruments et démontrent qu'il y a de la ressource dans sa qualité sonore scénique.
On repart ensuite sur la scène du club qui accueille cette fois-ci Anthony Joseph et The Spasm Band. Au départ, difficile de croire que lui et ses cinq compères tiendront avec leur gesticulation sur cette petite scène resserrée.
Le chapeau vissé sur la tête, le meneur de troupe ne chantera que très peu, lâchant des phrases au public pris par le mouvement et l'atmosphère musical mêlant jazz, funk et rock.
Chaque membre du groupe donne le meilleur, du saxo, clavier en passant par la basse. Musicalement, la mayonnaise prend facilement et le public apprécie.
The Bronx attaque ensuite sur la grande scène, le quintet aux trois albums éponymes, tous aussi violents et rapides les uns que les autres montrent tout de suite la teneur de leur prestation. Solo carabiné, batterie explosée et chanteur qui semble recevoir des décharges électriques.
Une bonne partie du public peu enclin à ce genre de musique ira fumer quelques clopinettes et boire quelques boissons rafraichissantes, loupant ainsi ce qui sera l'une des meilleures animations de la soirée. Matt Caughthran, le chanteur sautant sur les quelques rares fanatiques devant la scène et venant montrer l'exemple en bougeant anarchiquement les bras tendus et en sautillant comme un jeune cabri au milieu de la salle. L'énergie est là.
La soirée se termine par les Black Lips. Vendu comme phénomène de foire scénique du rock'n roll, l'audience en aura pour son argent et son lot de belles images.
Faut-il parler de qualité musicale quand l'ensemble des chansons est massacré au détriment du spectacle se jouant aux portes de la scatophilie ?
Si on pense à la mode Doherty qui consiste à jouer défoncé et totalement bourré, le bassiste centré sur la scène montrera le spectacle d'un homme titubant et n'ayant plus ses réflexes naturels. Puis, à la fin d'une chanson, annonçant son plaisir de jouer de sa basse avec le sexe à l'air, il décide de poser ce qui lui sert de pantalon et de sous-vêtement balançant à l'air son organe de reproduction. Un autre membre du groupe ira jusqu'à s'uriner dans sa propre bouche (oui, vous avez bien lu) devant un public partagé entre dégoût et fascination.
Cette première soirée du festival GéNéRiQ qui se jouait à la Vapeur a montré un excellent visage dans son organisation avec les lives répartis sur les deux scènes.
Dès les premiers groupes, on se transforme en festivalier, changeant de salle comme on irait de la Grande Scène au Chapiteau des Eurocks, marchant entre les gobelets de bières et naviguant au milieu des amateurs de musique ravis de partager un moment ensemble.
Le changement d'ambiance donne du rythme à la soirée qu'on ne voit pas passer et les sets limités à 50 minutes obligent les groupes à montrer le meilleur d'eux-mêmes. Une chose est sûre, le festival GéNéRiQ joue maintenant dans la cour des grands.
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