Le
nouvel album de Sébastien Tellier
se conçoit comme son premier (l’Incroyable
Vérité, 2000) : un album total, conceptuel,
au service d’une idée maîtresse de laquelle découlent
musiques et paroles.
En 2002 apparaissait aux côtés de Air,
lors de leur tournée consécutive à la sortie
de 10000hz Legend, un barbu doué,
qui mettait en scène une musique minimaliste et inspirée
créant une atmosphère mystérieuse. Présent
également sur un DVD du groupe versaillais, Sébastien
Tellier se montrait dans une longue vidéo futuriste, tel
un gourou d’une secte dans un monde parallèle, apaisé.
L’album était d’abord introuvable en version
vinyl, puis réédité en version cd chez Record
Makers, le label de Air. On avait alors, dans l’euphorie du
moment, parlé de Pink Floyd ou
de Robert Wyatt (époque an
end of an ear).
En 2004, Tellier change de concept mais pas de fonctionnement.
Un thème, Politics forme
la trame directive de l’ouvrage. Politics se traduit par science
politique, il faut cependant ici élargir l’aspect à
une critique historique des évènements politiques
autour d’une critique de l’homme civilisé.
Musicalement, l’unité du premier album a disparu,
il faut ici se pencher sur l’unité philosophique. On
navigue entre new-wave, musique latinos, folk song, chorale du type
Polyphonic Spree, punk rock gentillet.
Comme pour montrer qu’à chaque époque, pour
chaque musique il existe une violence particulière, Tellier
remonte les XIXème et XXe siècles à la recherche
de la barbarie humaine. Il le fait souvent avec un ironie grinçante
("Mauer", où une allemande
de l’Est jouant au tennis regrette le mur car elle ne peut
plus s’entraîner seule ; "Wonderafrika"
où il dépeint une vision idyllique de l’Afrique,
une sorte de dessin animé à la Walt Disney de la vie
africaine ; "Zombi", où
il parle d’un révolutionnaire solitaire). Cette ironie
cependant tombe souvent juste.
L’album vaut autant par ses paroles que par les sous titres
de chaque chansons, qui sont autant de pamphlets contre l’idiotie
de l’histoire.
L’album de Tellier est un OVNI dans le paysage musical,
et il est plutôt réussi. Inclassable musicalement,
l’album échappe aux critiques classiques : musicalement
ni bon ni mauvais, l’album est plutôt soit transcendant
soit repoussable, il faut le prendre dans sa totalité ou
le rejeter totalement.
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