En 1992 sortait le titre "Geek Love" de Bang Bang Machine et fût aussi culte qu'il passa inaperçu pour le grand public, du moins en dehors de l'Angleterre où le single eut quelques honneurs.
A l'époque, ce melting pot musical intriguait. Voix éthérées superposées, instruments électroniques mis en scène dans un contexte rock, douceur des voix contre énergie de la musique. En bref, Bang Bang Machine n'a pas eu un gros succès et hormis quelques vieillards comme moi, personne ne tient particulierement au souvenir de ce groupe.
Personne ou presque car si l'histoire est un perpétuel recommencement (en musique en tout cas et sur des cycles pour le moins très courts) peut-on réellement croire que les School of Seven Bells n'aient jamais entendu leurs aînés ?
Peut-être après tout ...
Les uns venant d'Angleterre tandis que les School of Seven Bells nous arrivent de Brooklyn. Quoi qu'il soit, on retrouve 15 ans plus tard des choses que nous aimions chez Bang Bang Machine, la production un peu kitch de l'époque en moins.
Les nappes de voix féminines s'imposent comme signature évidente et colonne vertébrale des morceaux, tenant de Bang Bang Machine donc mais aussi de Cocteau Twins ou de Lush. Leur origine new-yorkaise permet aussi de les rapprocher du travail de TV on The Radio également notamment sur le travail des percussions assez poussé comme sur "White coat éléphant", titre assez sombre dirigé par une basse vrombissante qui tranche avec l'aspect un peu léger et planant que l'on peut sentir lors d'une écoute distraite de l'album.
Si Alpinisms est avant tout un disque axé sur les belles voix du duo féminin, derrière, un tas d'instruments s'invitent à la fête, électroniques essentiellement. On voyage ainsi entre musique arabisante, années 80 façon Bangles ou Madonna ("Wired for light") et modernité.
"For Kalaja Mari", doux et mélancolique nous rappelle l'époque This Mortal Coil avec une voix envoûtante très en avant et une musique faite de couches flottantes entre nos oreilles, tandis que les volutes orientales qui proviennent de "Prince of peace" évoquent les danois de Bel Canto. Autant d'autres raisons de penser que les années 90 n'étaient pas si ringardes mais plutôt en avance sur leur temps... A moins que le 21ème siècle soit en pleine régression.
Tant pis, les dates de sorties des disques ne sont qu'un indice et qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, dit-on. Et si ce premier disque de School of Seven Bells ne vous amènera pas au sommet de l'extase, leur Alpinisms pourrait bien ouvrir quelques voies avec ce joli disque de voix. |