Une
pléiade de réalisateurs prestigieux, de Wim Wenders
à Clint Eastwood en passant par Mike Figgis, a été
engagée par Martin Scorsese pour réaliser une série
de 7 documentaires sur le blues. A l’origine, le projet vient
d’un documentaire que Scorsese tourne sur Eric Clapton. Il
a l’idée de confronter le guitare hérault aux
légendes du blues à travers des comparaisons d’archives.
L’idée est concluente et Scorsese décide d’étendre
le documentaire pour former une véritable Histoire du Blues,
intitulée The Blues.
Pour éviter le style romancé d’un film autour
du blues, ou le style scolastique d’une histoire du blues,
il propose à ses amis réalisateurs de réaliser
des documentaires sur trois bluesmen qui selon eux sont les plus
caractéristiques de cette musique
Wenders ouvre le bal. Le réalisateur connaît le genre
: il a réalisé, avec "Buena Vista Social Clu"b,
un documentaire musical d’une rare émotion, d’une
rare puissance, capable à lui seul de faire revivre un genre
musical. C’est un peu aussi son obectif ici, et également
celui de la série. Les trois bluesmen choisis par Wenders
sont J.B. Lenoir, Skip James et Blind Willie Johnson. Leur point
commun est d’avoir connu une courte époque de gloire,
en pleine récession des années 1930, puis d’être
tombés dans l’oubli, avant d’être pour
Sky James er J.B. Lenoir, récuscités dans les années
1960.
Il ne s’agit pas ici de décrire tout le film, mais
de dire pourquoi il vaut la pein d'être vu. D’abord,
les images d’archives sont d’une rare qualité,
on y voit de pauvres paysans, travailleurs du Miississipi ou de
l’Illinois, vivre l’amour charnel avec leur guitare.
La guitare est pour eux un éxutoire à la misère,
ils vivent la musique et font corps avec leur instrument. La musique
exprime un blues, un état d’âme. La musique n’est
pas vue comme une industrie, comme un métier, mais c’est
une véritable passion. C’est particulièrement
cela que le film veut montrer.
Le film manie d’une manière intéressante les
allers-retours entre archives, images de fiction (Blind Willie Johnson
majestuesement interprêté par Chris Thomas King et
également des sessions plus actuelles où on voit Beck,
Lou Reed, Eagle Eye Cherry, The Jon Spencer Blues Explosion reprendre
les classiques du blues (avec plus ou moins de classe !).
Il faut aller voir ce film, pour deux raisons. D’abord, il
évoque une histoire de l’Amérique du XXe siècle
d’une manière souvent éclipsée par les
livres d’histoire. On y voit une Amérique noire joyeuse,
pleine de vie, amis aussi pauvre et méprisée. C’est
aussi l’histoire du racisme (cf. le Klu Klux Klan), et du
combat pour les libertés (contre le Vietnam). Ensuite, pour
les mélomanes, le film actuelle est l’occasion de comprendre
en quoi le Blues est un des éléments fondateurs de
la musique, entre les gutatres du rock, et les mélodies de
la folk. Ce n’est pas sans raisons que B. Biolay sample la
Carter Family, et que les White Stripes citent volontiers en interview
Robert Johnson, ou qu’il y a blue dans The Jon Spencer Blues
Explosion !
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