Ce dernier week-end du festival GéNéRiQ à Dijon accueillait à l'Atheneum une affiche alléchante pour une soirée qui s'annonçait calme et posée entre country américaine et pop à la française. Mais qui aurait pu compter sur la motivation des artistes outre-Atlantique qui enflammeraient la salle entière ?
Deerhunter, annulé de dernière minute (pour cause de soucis de santé indéterminés), c'est Jaromil qui ouvre le bal de la soirée en prenant place sur scène.
Le groupe dijonnais très présent durant la semaine GéNéRiQ avec plusieurs concerts essaie de défendre son nouvel album sorti il y a peu.
Naviguant depuis plus de 3 ans sur la scène dijonnaise, les voir et revoir commence à exaspérer. Car regarder et écouter Jaromil sur scène, c'est comme s'essayer au bœuf bourguignon alors que vous n'avez jamais touché une spatule de votre vie.
Leur son part dans tous les sens, micros hurleurs, samples rotatifs, gesticulations inutiles, leur musique est impossible à suivre. D'où l'obligation de se désaltérer avant de se préparer au début de la VRAIE soirée.
Si on ne pouvait garder que les points positifs de leur passage, on notera le batteur qui aurait sa place dans un groupe de punk, la basse aux problèmes techniques récurrents, le guitariste qui trempe dans ses rêves sans les partager et le chanteur/guitariste à la voix de chien battu qui brûle les tympans.
Heureusement, la soirée pouvait enfin débuter sur les chapeaux de roue avec Elliott Brood. Trio canadien vêtu comme au début du siècle dernier, le groupe nous plonge dans le monde de la country américaine et très rapidement, les spectateurs se prennent au jeu, quittant leur place respective pour venir danser devant la scène et s'amuser comme à un bal de samedi soir. On croirait entendre Wilco dans ses années Mermaid Avenue.
Tout au long de la soirée, une petite troupe d'américains très certainement étudiants au campus voisin, enchaîneront bière après bière et mettront le feu à la minuscule fosse en dansant bras dessus, bras dessous sans jamais atteindre le pogo. Elliott Brood assure sa prestation à l'image du guitariste assis avec son drôle de matériel, un clavier pédestre faisant les basses. Il lancera quelques mots en français, et accueillera O'Death pour un dernier morceau jouissif.
Viennent ensuite Revolver, quatuor français se définissant comme auteur de pop de chambre.
La mode en France étant celle des groupes de rock (Naast, BB Brunes, Second Sex, Shades), entendre de la fine pop en français étonne particulièrement.
S'attendant à voir un de jeunes parisiens à l'allure pompeuse et au discours hautain, c'est une toute autre prestation qui ravit les oreilles, Revolver offre un set très modeste et sans fioriture.
La voix du chanteur berce l'audience et les compositions démontrent une osmose grandissante au sein de ce groupe en devenir.
Pour chanter "Love Me Tender", Revolver accueillera Sammy Decoster au milieu de la fosse. Titre chanté a cappella permettant à l'ensemble de la salle de profiter des harmonies vocales du groupe français en quête de notoriété.
La soirée se termine par O'Death, une bande d'américains conjuguant folk et métal pour le plus grand plaisir des derniers badeaux qui se défouleront autant que le groupe. Musicalement, la portée d'un tel style sur un album semblerait limitée mais leur démonstration festive sur scène décuple le pouvoir de leur style musical.
Entre le batteur qui se tient debout sur tabouret toutes les deux chansons pour lancer le tempo et réveiller la salle, le bassiste torse nu montrant ses tatouages et une prestance de métalleux. Le violoniste déchaîne aussi toute son énergie malgré le double mètre de câble qui le retient de sauter dans la foule. Le groupe se fait plaisir et c'est toute la salle qui en profite.
Cette avant-dernière soirée du festival GéNéRiQ à Dijon avait mal commencé mais quand le professionnalisme est entrée en scène, l'ambiance festive et la qualité musicale s'est vite installée et n'a plus lâché la salle pour que tout le monde puisse s'amuser et entamer son week-end en grande pompe, en attendant la prochaine édition. |