J’étais passé sur le Myspace de ce groupe au nom à rallonge sans grande conviction, mais le concert qu’ils nous ont offert a bousculé mon appréhension. Les Bewitched comme ils permettent que nous les appelions emplissent l’espace scénique d’une sacrée énergie communicative.
D’abord par leur nombre, car ils partagent le plateau à sept, ensuite par leur dynamisme et l’engouement que procure leur son. Chacun des membres tient son poste avec ferveur et chaque instrument a son importance, même si parfois cette harmonie laisse la place à un joyeux foutraque débraillé non dénué de sens.
La lumière naïve qui se projette de leurs compositions trouble le discernement et il est bien difficile de leur coller une étiquette, ni folk, ni pop, ni hippie, ni rock, ni psyché mais un peu de tout ça à la fois. Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit bien d’une musique positive construite sur les bonnes volontés de chacun, des tambourins aux chants, des guitares au saxo furtif, tout ce qui transpire des Bewitched laisse instantanément un sentiment de bonne humeur dans son sillage. Avec décontraction mais non sans classe, la bande des sept ne peut laisser indifférent avec ses mélodies enjoliveuses jetées comme des bonbons fluo au public qui en redemande et tape des mains.
A contre sens des pratiques en vogue, ils sont allés reprendre le tube "Tonight" de leur voisin électro de Reims, Yuksek, le réarranger et lui offrir d’autres horizons, preuve de leur grande ouverture d’esprit et de leurs influences éclectiques.
The Bewitched Hands on the top of our heads est une pilule à prendre sans modération dès le réveil et chaque fois que le vague à l’âme souffle ses embruns.
Et si on a la chance de les voir en live, c’est mieux.
Que font trois normands dont deux barbus et une Gaëlle lorsque qu’ils se rencontrent ?
Ils bricolent, ils cuisinent.
Gablé jouent avec une cagette en bois, émincent leurs cordes de guitares à la disqueuse, soufflent dans des flûtes à bec, enregistrent les sons qui passent par là, tapent sur des trucs pas toujours identifiables, s’amusent avec des claviers. Ils chantent aussi, jouent de la guitare et du xylophone, apprivoisent leur sampler.
Ces bidouillages sonores accouchent en live d’une fantaisie auditive qui peut surprendre mais s’avère toutefois très pertinente, digérant de larges influences, jonglant d’une folk minimaliste à des dérapages hip pop en passant par la moulinette électro qui structure habilement l’ensemble, comme un jaune et un blanc qui s’accordent et s’unissent pour livrer une omelette sonique curieuse et inventive, laborieuse et créative, pleine de multiples ingrédients.
En fins gastronomes, Gaëlle, Thomas et Mathieu pratiquent une cuisine novatrice, explorent du bout de la langue chaque opportunité, chaque recoin pour en extraire le meilleur et nous servir sur un plateau des mets de premier choix au goût exquis.
Déguster avec du gros son et l’esprit libre de toutes contraintes, accompagner d’une bonne bière voire d’un whisky de bonne facture. |