Franck Travert, Kevin Pierre-Emile, Steve Travert, dénommés ci-après par Un homme et une femme, vous êtes accusés par l'association du MBGMF (Monopole du Bon Goût et de la Mauvaise Foi) des crimes suivants :
- chant en français,
- voix ayant des propensions à rappeler celle d'un certain Dominique A (nous tairons son nom pour protéger son anonymat),
- disque sorti sans qu'aucun des médias membres de la MBGMF n'ait eu le temps de lancer un buzz en revendicant avoir découvert le nouveau groupe ultime,
- mélange de chant en français et de guitares rock (mais Diaboligum refuse de témoigner),
- utilisation de méthodes de compositions post-rock avec des phases calmes et noires et des phases énergiques et brillantes avec une touche de mélancolie,
- utilisation d'un titre de film culte comme patronyme.
Mais laissons place aux arguments de la défense.
Certes, les accusés chantent en français. Mais n'est-ce pas un atout lorsque la langue est si bien maniée ? Et n'est-ce ce vieux complexe de popeux qui ressort dans l'accusation qui veut que la pop soit anglophone ou ne soit pas ? La langue française sait être belle et mélodique.
Oui, on peut dire que Franck Travert adopte parfois un style de chant proche de celui de Dominique A. Peut-on le lui reprocher, notamment si ces reproches viennent de ceux qui ont encensé et encensent encore, à juste titre, le travail de celui qui a su renouveler la chanson française ? Dominique A doit-il rester une exception culturelle, fierté du patrimoine musical sans faire aucun émule ? Je dis non !
Et puis il faudrait aussi évoquer le chant dans l'urgence sur le fil entre juste et faux de "Sous les paupières" ou "Vous je vous aime c'est différent" qui évoque John Martinez et son groupe Megaphone ou la Mort.
Quant à la musique, on ne peut en effet lui retirer ses influences rock et même post-rock, revendiquées sans pour autant que l'on crie au plagiât. Au contraire, Un homme et une femme développe au cours de Opium une identité qui, si elle hérite largement des influences sus citées, lui est propre. Ainsi, la construction des morceaux alternant douceur et énergie sert parfaitement le propos qui, sans être purement narratif, propose une ambiance forte à l'auditeur, sombre, poétique et énergique à la fois.
Quant au buzz Monsieur le juge, mes clients ne sont pas de ceux qui se sont fait sur quelques bruits de couloirs de l'information et des blogs mais bel et bien par leur talent de musiciens. Laissons leur donc le temps de développer ces belles promesses.
Le nom du groupe est bien entendu un hommage certes à un film culte mais aussi à toute une génération marquée par cette époque. Vous semblez oublier "Deauville sans Trintignant" de Delerm qui fût encensé, alors pourquoi ce traitement de défaveur pour mes clients ?
Non, je vous le dis, cet Opium n'est pas dangereux et est même très bon pour le peuple à qui je demande, comme aux jurés ici présents, d'écouter au plus vite ce disque et vous vous rendrez rapidement compte que la seule chose dont Un homme et une femme sont coupables, c'est d'avoir offert un bel album de rock français, fait des meilleures influences de ces 15 dernières années et dont leurs aînés peuvent être fiers.
Non, Un homme et une femme n'est pas coupable, c'est la relève ! |