Trois ans après la détonation de Chevrotine, Holden revient susurrer à nos oreilles ses douces mélodies avec son nouvel album Fantomatisme. Chaînon manquant entre la pop regrettée d'Autour de Lucie et la poésie musicale du camarade Jean-Louis Murat, Holden est un groupe à part et essentiel. La preuve en musique avec cette nouvelle galette.
Entrés en studio sans réelle matière, Mocke et Armelle Pioline ont fait le choix de laisser davantage la place à l'improvisation et à la création instantanée. Le résultat est à la hauteur. La démarche de création dépassant le simple exercice de style accouche de onze perles musicales à la beauté délicate. La douceur nonchalante de la voix d'Armelle, la clarté des mélodies et l'architecture des arrangements composent la marque de fabrique du groupe dont "La fin d'une manche" est l'illustration parfaite.
Fantomastisme est véritablement un album flamboyant. Peu de disques présentent une telle esthétique. La sensibilité artistique et émotionnelle est également de mise. Sans fioritures ni artifices, Holden arrive à marier l'exigence à la simplicité, rendant accessible un certaine forme d'avant-gardisme. Ne se cantonnant pas un seul style, Mocke et Armelle jouent avec les sonorités et les mots, glissant de la bossa à une pop céleste. Préservant la fraicheur entrevue précédemment, Holden transforme définitivement l'essai. De la ritournelle faussement naïve de "Dans la glace" à l'étrangeté touchante de "Mia" en terminant par la conclusion appropriée de "Je dois m'en aller", les chansons s'enchaînent en toute cohérence et s'imposent avec évidence.
Dépassant le cadre restrictif de la chanson française, Holden se positionne en ambassadeur de la "french class" et a dorénavant toutes les cartes en main pour (im)poser durablement son empreinte, Le sample introductif du premier titre ("Les animaux du club") nous mettait en garde : "Il faut faire attention".... talent ! |