Soirée toute en élégance pour cette programmation à la Maroquinerie. Elle débute avec Arlt, duo d'origine parisienne, parfois rejoint à la guitare par Mocke de Holden, ce qui annonce la connivence et la fraternité des deux univers. Mocke réalise leur premier album, qui ne va pas tarder à sortir.
Arlt, trois consonnes qui se suivent dans la langue française : situation peu commune ! Le duo (Sing Sing à la guitare et au chant et Eloïse Decazes au chant) compose des chansons comme autant de chants traditionnels.
L'une chante avec un timbre de voix qui me rappelle celui de Marie Laforêt. Gracieuse, elle l'accompagne de tout son corps, bougeant telle une marionnette, soulevant les talons et dessinant dans les airs des figures de la main.
L'autre, Sing Sing rive un peu plus la musique à la terre... quoique. Des textes oniriques, des légendes de conteurs, des métaphores dont le sens résiste au dévoilement. Arlt : c'est une atmospère de séduction... et après la mise anglaise d'Eloïse , les talons hauts d'Armelle.
Le quatrième album Fantomâtisme d'Holden vient de paraître, produit au Chili par Senor Coconut.
Pétillante et dorée, Armelle ne se sent plus de joie, dans une robe porte-feuille un peu coquine. Le groupe en dix ans de carrière s'est bati une solide réputation et s'est attaché un public prévenant et chaleureux. Ballades entre les anciens morceaux ("C'est pas pareil", "Madrid", "Ce que je suis"...) et les nouveaux ("Dans la glace", "Un toit étranger", "Mia"...) entre recueillement et bercement.
Enveloppante et vitaminée la formation (Evan Evans : clavier, Jacques Tellitoci : batterie, Richard Cousin : basse) partage un plaisir palpable et guette si Armelle ne se prend pas trop les pieds dans les fils, tandis que Mocke reste impassible.
Univers presque à la limite du trip hop la musique s'est chargée des senteurs et couleurs de pays investis : Irlande, Amérique du Sud promenant une mélancolie emerveillée d'expatriés. Alors loin de dessiner un petit nuage au dessus de nos têtes (voir le clip "Ce que je suis" sur Dailymotion), Holden et Arlt nous aident à nous réconciler avec nous-mêmes. Avant de quitter la scène, Armelle tient à saluer Bashung qu'on enterre ce jour même. |