Toute la musique que l'on aime vient du blues, c'est bien connu et même le plus français des belgo-suisso-monegasque le dit. Blues qui fut la base du rockabilly puis du rock, du punk, du rap et de la disco (ou peut-être pas !).
Dans les années 50 et un peu 60, aux Etats-Unis d'Amérique qui était encore à l'époque le pays de tous les possibles, il était courant d'écrire quelques chansons, d'aller passer une journée ou quelques heures en studio et d'en ressortir avec quelques galettes en vinyle qui, avec un peu de chance, pouvaient atterrir sur la platine du Dj de la radio locale.
Faire du blues ou du rock à l'époque, c'était vraiment quelque chose. C'était en avoir là où il faut et se mettre de fait dans une position de rébellion par rapport à la société bien propre et bien carrée de l'après-guerre.
C'était aussi se faire pas mal suer à enregistrer avec du matériel pas terrible, sur des vinyles pas terribles, ce qui donnait souvent ce son un peu nasillard de radio bas de gamme que même en camping plus personne n'accepterait, même pour regarder la Star Ac' grâce à la TNT intégrée à la caravane.
Mais quand même, c'était le bon vieux temps des pionniers du rock, ceux sans qui... vous connaissez la suite.
Mais tout cela, c'était il y a plus de 50 ans et désormais, on peut enregistrer un album de très haute qualité sans même quitter sa chambre. Alors pourquoi les trois frangins et frangines Durham, à peine majeurs pour le plus vieux qui frôle les 18 ans viennent nous sortir un album de reprises de vieilleries blues sorties du grenier de leurs arrière-grands-parents ?
Bien entendu, ces chansons sont chouettes et les reprendre est un joli clin d'oeil inter-générationnel mais pourquoi vouloir imiter ce son pourri, ces voix nasillardes qui, à l'époque, étaient des limitations techniques qui n'ont plus lieu d'être ? Et pourquoi s'extasier sur ce groupe si ce n'est pour la qualité de l'interprétation malgré leur très jeune âge ?
Bien sûr, ce disque est "sympa" et sera peut-être l'occasion de découvrir ces petits trésors de chansons mais pourquoi alors ne pas directement écouter les prises originales plutôt qu'une imitation, même réussie, dont l'âme ne sera jamais, malgré toutes les bonnes intentions de Kitty, Daisy et Lewis, aussi forte qu'à l'époque parce justement, c'était à l'époque, dans un contexte différent ?
Ceci étant dit, ce disque apporte ce qu'on en attend. C'est-à-dire des chansons ultra rafraîchissantes, qui plairont à nos anciens et qui feront swinger nos plus jeunes qui pensent que la musique a toujours été sur iTunes. Un bon début pour vous donner envie de restaurer la platine vinyle de Papy et aller fouiner dans les allées de la prochaine foire aux disques de votre quartier.
Un bel exercice de style en tout les cas de trois jeunes gens visiblement bons chanteurs et bons musiciens. Reste quand même à trouver la finalité d'un tel album si ce n'est pour quelques autoradio bobo ou leur satisfaction personnelle. A suivre, si toutefois quelque chose de plus constructif naît du talent indéniable de ces petits anglais amateurs de radio crochet. |