On ne s’est pas compris avec Dick Turner.
Comme embarqué dans une discussion avec un étranger qui ne partage pas ma langue et qui s’aide des mains, je le trouvais très sympathique, l’œil malicieux, la bouille charmante, mais… je ne le comprenais pas.
Remarquez, je pense que lui s’en fout. Venant de la musique contemporaine et artiste-peintre-plasticien par ailleurs, ses modes d’expression sont multiples et je ne pense pas que ses préoccupations soient strictement dans l’échange de mots…
De mon coté j’apprécie l’effort qui me permet d’entrer dans l’univers d’un artiste, et je ne recherche pas à tous prix la compréhension par les mots quand je regarde une toile, quand je vois un opéra-punk ou un spectacle de danse. L’émotion a son intelligence propre et ses codes que chacun peut se construire.
Mais là, Dick Turner, armé de son trombone et de sa bande son sur CD, mais surtout de ses gestes et des expressions de visages, nous laissait entendre toute l’importance de ses textes et de son message… Imaginez Vincent Delerm seul avec son clavier dans un cabaret en république Tchèque… Tous comme un tchèque interloqué, je regardais Turner, j'imaginais toute la profondeur du bonhomme, touchant, drôle, mais… l’interrogation cédait vite sa place à l’ennui.
M. Turner, nous ne nous sommes pas compris. Ce soir, j’en suis désolé, nous nous sommes loupés !
Par contre je n’ai pas loupé Herman Dune !
La salle du club a changé de visage quand David-Ivar Herman Dune est entré en scène. La température est montée de quelques degrés, des tongues ont poussées le long de nos pieds détendus. Le sol s’est assez vite déstructuré pour devenir une plage de sable fin. Les filles étaient toutes belles et les vacances commençaient bien et allaient durer l’éternité, en tout cas la soirée.
La musique d’Herman Dune est un remède contre la morosité. Les premières chansons que David interprètent seul à la guitare ouvre le bal et plante le décor. Lorsqu’il est rejoint par Neman à la batterie et son acolyte à la basse le voyage continue et s'accélère.On avance au rythme de la guitare tendre et chaloupé. La basse et les percus nous accompagnent.
On ne sait jamais avant un concert d’Herman Dune à quoi s’attendre. Leur dernier Album Giant marque une évolution importante pour le groupe, avec une présence marquée de cuivres et de chœurs féminins. La moitié des chansons de ce dernier opus est écrite par André Herman Dune, le frangin, qui a quitté le groupe après la sortie de l’album, chansons qui ne seront pas jouées lors de la tournée... Nous n'aurons pas le droit à toutes les chansons, pas le droit au chœurs et pas le droit aux cuivres...
Nous pouvions donc être incertain de la route que choisira David pour nous mener en vacances. Mais avec nos pagnes et nos colliers à fleurs, nous sommes prêt à le suivre.
Les paysages sont changeants. Folk. Rock. Électrique.
Les vacances continuent, en solo, en trio. Herman Dune, c’est carré et c’est euphorisant : on se sent bien !
Et puis, comme dans toute vacances, bercé par le bruit des vagues, on commence à penser à la rentrée, à la liste de course, au horaires de la nourrices... Bref les vacances ont une fin et c'est bien avant le fin du concert que je commençais à y penser.
La magie de cette ambiance ne dure pas autant que le concert, et si la prestation d'Herman Dune a été ce soir appréciable, il n'en demeure pas moins que le ronron plaisant à eu raison de moi. Les performances techniques de David à la guitare font leur effet sur les première chanson puis font partie du décor, le charme des chansons s'émousse sur la longueur.
Le rythme faiblit un peu et je suis laché en route. Je ne parviendrai pas à rejoindre le wagon que je regarde s'éloigner sans moi...
J'ai fini le concert noyé dans mes pensées, que la musique en fond rendent agréables, mais je ne suis plus vraiment dans le concert. Je faisais déjà mes valises pour le retour !
Pour conclure : j'aime bien les vacances, moins les rentrées, j'aime bien Herman Dune, mais pas trop longtemps ! |