Que l’on adhère ou pas avec son travail, force est de constater que René Manzor, rare cinéaste français à s'être aventurer dans le fantastique, signe toujours des œuvres originales et authentiques. Le scénario de Dédales, film inquiétant et déroutant, est basé sur la mise en parallèle de l’enquête policière et de l’analyse psychiatrique du cas de Claude, meurtrière en série atteinte de schizophrénie variante personnalités multiples.
Seule personne qui porte un prénom, elle gère avec de plus en plus de difficulté et de souffrance les démembrements de sa personnalité, qu’elle veut être des personnes mais qui portent des noms liés au mythe du Minotaure, le monstre prisonnier qui erre dans le labyrinthe telle la pensée humaine naviguant dans les circonvolutions labyrinthiques du cerveau humain. Le besoin de reconnaissance et de rédemption la conduisent inévitablement à divulguer des indices pour accéder peut être à la guérison.
Manzor opte pour la théorie psychanalytique de la maladie mentale, par opposition à la théorie constitutionnelle selon laquelle toute maladie mentale est due à un dérèglement biochimique du cerveau, selon laquelle l’individu est la synthèse plus ou moins réussie des différents aspects de sa personnalité qui résultent bien évidemment de l‘inné mais surtout du vécu, et plus précisément du vécu de l’enfant.
La vision ou le vécu de scènes pathogènes entraîne irrémédiablement l’individu à connaître de telles souffrances physiques et/ou psychiques qu’il ne peut s’échapper que par la mort ou la survie par un mécanisme de mise en stand-by de son cerveau de manière à créer des échappatoires propre à les canaliser. S’inventer d’autres vies pour fuir le réel est l’une d’entre elles.
Le montage rigoureux et astucieux, l’esthétique des tons monochromes avec l'utilisation du bleu del'enfer mental et le rouge symbole de vie, la bande son aux bruitages adaptés et la musique de Jean-Félix Lalanne, tout participe et concourt à la structuration du propos et de l’intrigue pour capter et captiver le spectateur. Ce n’est d’ailleurs qu’au second visionnage de ce film que l’on peut réellement mesurer l’intérêt du cinéma de Manzor scénariste et réalisateur.
Le film est également servi par une excellente distribution
: Michel Duchaussoy, Lambert Wilson et bien évidemment Sylvie
Testud, excellente dans les rôles très atypiques, capable
d'exprimer une émotion d'un simple regard, qui s’avère
une comédienne de grand talent, dont l’intensité
du jeu dramatique, qui en fait le pendant féminin de Jean
Hugues Anglade, et l’intériorisation époustouflante
en font une des meilleures comédiennes de sa génération.