Une semaine après
la sortie en grande pompe de leur troisième album, Talkie
Walkie , le duo versaillais de Air
effectuait une presque-représentation à domicile chez
nos voisins belges, au Cirque Royal de Bruxelles.
Avec un peu de recul, ce nouvel opus s'avère fort réussi,
immédiatement jouissif mais sans réelles surprises,
rendant probablement une centième écoute peu passionnante,
voire malheureusement inexistante : le temps des prises de risques
(l'époustouflant et déroutant 10000
Hertz Legend) semble avoir vécu, dommage.
L'orientation ouvertement marketing, vilaines affiches tapissant
les murs du métro parisien, se fait également ressentir
sur les salles de concerts : exit les shows conceptuels à
taille humaine de l'Olympia en septembre 2001, Air se produira à
Paris au Zenith le 11 mars prochain.
D'où l'idée d'aller voir un peu plus loin (et plus
tôt). L'ouverture des portes du Cirque Royal dévoile
une salle sublime : fauteuils en skaï, rez-de-chaussée
tassé sur lui-même entre une minuscule fosse et de
petits gradins, interminable balcon s'élevant vers la toiture,
sorte d'auditorium de rêve où l'on aurait aimé
applaudir Can au début des années 70.
Le public continue de rentrer comme si de rien était, la
prestation de Pink Satellite en ouverture
passe totalement inaperçue, sorte de vague bruit de fond,
étouffée par les bruits de discussion ambiants. Tant
que la musique électronique se résumera live à
du trifouillage de disques derrière une machine, l'aspect
scénique restera toujours sans grand intérêt.
Puis Air arrive sur scène, à quatre, les deux versaillais
(guitare/claviers et voix), Sébastien
Tellier aux claviers ainsi qu'un batteur/bassiste mais sans
Jason Faulkner. Au placard également
les capes noires à la Dracula, 2004 a laissé place
à un millésime plus classique.
Le groupe a visiblement évolué, tourné la
page, toute référence à la précédente
tournée est réduite au minimum, seuls "People
In The City" et "Wonder Milky
Bitch" échappant à la censure. Pour le
reste, le parti pris est ouvertement rock, la setlist, sans réelles
surprises, partagée entre de larges extraits de Talkie Walkie
, "Alpha Beta Gaga" , "Mike
Mills", l'incroyable "Surfing
On A Rocket" , "Venus"
, la désormais classique "Cherry
Blosom Girl" ..., et classiques de "Moon
Safari", "La Femme D'Argent"
, "Sexy Boy" ou encore "Kelly
Watch The Stars" loin des versions dénuées
à l'extrême d'antan.
Une heure quinze de concert rappel compris, pas de "Alone
In Kyoto" ni de "Virgin Suicides"
, une quasi-impasse sur 10000 Hertz Legend , de quoi rester un peu
sur sa faim pour ce tour de chauffe ...
Air joue ouvertement la carte de la séduction, pas maaaaalll
en soi, mais fatalement moins excitant.
|