Collaborateur régulier du quotidien Libération, co-fondateur de l’agence VU, membre de l’agence Rapho, le photographe Gérard Uféras mène de front une carrière professionnelle, et ce, dans deux registres, celui du photo-journalisme et celui de la photo de mode et de publicité, et des recherches personnelles autour de ses thèmes de prédilection, le théâtre et la musique.

Ce sont ces dernières qui ont inspiré la Maison Européenne de la Photographie pour lui consacrer une grande exposition personnelle qui, sous le titre "Etats de grâce", regroupe une abondante sélection de tirages issus de trois des séries majeures qu'il amené au cours d'un périple européen.

Derrière le rideau, devant le miroir et vice versa

Et un titre à plusieurs sens qui se réfère tant à la grâce des artistes et modèles qu'il photographie, qu'aux moments de grâce dont il saisit l'éphémère et aussi la grâce que lui reconnaît un de ses maîtres et ami Willy Ronis.

Ses voyages et recherches l'ont conduit à exploré l'envers du décor et les coulisses de hauts lieux de la création tel l'Opéra de Paris ou le backstage des défilés de haute couture dont il a su saisir, visiteur et invité privilégié, la magie à travers un regard émerveillé.

Ainsi quand il happe les moments de vie des mannequins, Gérard Uféras est un anti William Klein.

Loin des clichés coup de poing et de l'hyper réalisme, il privilégie les instants qui résonnent en lui comme autant de portes ouvertes sur la beauté immanente voire onirique.

La maîtrise du cadrage, l'apprivoisement de la lumière et l'appréhension de l'instant décisif se conjuguent pour saisir la grâce d'un tutu, celle de la ballerine qui telle fantôme de l'Opéra s'échappe et dont on ne voit qu'un bras et un pli de robe, les corps des danseurs au travail ou l'élégance naturelle d'un mannequin surpris hors le champ des projecteurs.