Le
métier de faussaire
Tout commence par une scène déjà vue : un
grand gaillard dégarni seul avec sa guitare, une série
de pédales à ses pieds. Ca vous dit quelque chose
?
Le public est encore en train de siroter sa bière dans le
bar du fond de la salle quand la première chanson, "Si
j'avais une fille", retentit. Démarrage risqué
devant le premier rang encore sous le choc du passage d'un Dragon.
Le chanteur est souriant, remercie, fait des blagues, et se fait
rejoindre par bassiste et batteur. Le Mac disposé à
côté de lui donne du rythme et la machine à
remonter le temps s'emballe avec "L'été
inoubliable". On se retrouve en 1993 devant Arnaud
Michniak et Michel Cloup. Le
débit est identique, les paroles ironiques sont ressemblantes
et la musique presque aussi bruyante.
Entre chaque chanson, Jérôme Mardaga
est toujours aussi sympathique, il trinque avec son public, salue
les filles "qui boivent et qui fument" et reprend sa guitare
pour nous faire repenser à notre passé musical : du
Bowie francisé melangé
à un peu d'Arno (plat pays oblige),
un refrain entrainant sur "Ton Eternel
Petit Groupe" et une chanson si similaire à l'originale
que l'on attend impatiemment qu'il nous dise qu'elle est "A
découvrir absolument".
On reproche à certains groupes de ne pas innover et de garder
de bonnes vieilles recettes musicales. Avec Jeronimo,
on ne sait pas où se placer : il y a de l'innovation, de
la puissance, et une certaine nouveauté, mais le personnage
a tellement écouté Diabologum,
Dominique A et les autres qu'il finit
par en copier la plupart des ficelles. Le fait que le belge Jérôme
Mardaga ait fait ses classes au CMCN de Nancy en 1994 (haut lieu
de concerts indés français à l'époque)
explique peut être ses influences.
Qu'on ne se trompe pas : le concert de Jeronimo était très
bon, puissant, efficace avec des musiciens qui prennent du plaisir.
Le seul petit problème est que plusieurs fois pendant le
set, l'inspiration est tellement claire, dans la musique et dans
certaines paroles, qu'on a une féroce envie de revenir 10
ans en arrière pour être au même endroit avec
les groupes originaux devant les yeux.
Espérons que le prochain album de Jeronimo puisse profiter
de toutes ces excellentes réferences pour en tirer une substance
plus personnelle plutôt que d'en faire une sorte de copie
très bien réalisée mais un peu trop fidèle.
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