Doves, groupe mancunien (et oui, encore un !) formé en 1998 après la vague brit-hop de 95-96, n'a pas eu son OK Computer ou son Showbiz.
Doves se fait remarquer dans des morceaux mélodieux très british, un peu hérité des Smiths ou des Stranglers période "No more heroes".
Depuis plus de 10 ans pourtant, le groupe n'a toujours pas atteint la notoriété publique et critique qu'il mériterait.
Par le passé, des morceaux tels que "Black and white town" ou "Snowden", qui dévoilaient une pop sombre très british et très efficace, soulignaient la qualité des compos de ce groupe, restant dans le peloton de bons petits groupes anglais sympathiques en compagnie des Suede et autres The Delgados.
L'album commence sur "Jet stream", très electro rock, avec nappes de synthés amplifiés ponctuées de guitares, entre Depeche Mode période "ultra" et l'efficacité très punchy des Chemical Brothers. On y retrouve aussi du Vast, (rappelez-vous de ce groupe OVNI qui avait frappé fort avec son premier album Visual Audio Sensory Theater), mélange de gros rock et d'électro nerveux.
Ensuite, Kingdom of rust est sacrément bien arrangé, émaillé de petits sons planants au milieu d'une mélodie, d'abord douce à la guitare, puis plus nerveuse par la suite, avec passage de cordes. "The outsiders" est bien rock aussi, dans la même veine que "Jet stream".
Bien qu'assez ennuyeux dans les deux premières minutes, ressemblant à du mauvais Coldplay d'aujourd'hui, "1003" décolle bien sur la fin avec une structure et une ambiance de guitares qui évoque l'atmosphère du The Bends de Radiohead. "The greatest denier" est une alternance de guitares rapides et plus douces, encore dans un esprit très Radiohead du début, avec mélodie tranquille suivie d'assaut à la guitare.
Dans les morceaux plus posés, les balades plus molles, tels "Winter hill", "Birds flew backwards", le soufflet retombe. Il manque quelque chose, Doves ne convainc pas. Mais l'inspiration revient rapidement, sur "Compulsion", probablement le plus brillant morceau de l'album, tant il diffère des autres titres, avec ses guitares funky, basse omniprésente, le tout très groove et rock, habité de sons assez délirants (verres cassés...). On pense à MGMT sur cette pépite.
"House of mirrors" dispose d'une belle production, bien emballée, bien rock'n'roll, nerveux, efficace et enfin, "Lifelines" achève la galette sur une grosse balade faite de guitares hautes en son, rageuses et planantes à la fois, qui temporise et accélère.
Pour conclure, Kingdom of rust ne sera probablement pas encore culte, étant assez inégal, ne trouvant pas vraiment son style. Mais n'est-ce pas justement délibéré de prendre plusieurs direction musicale, à défaut d'unité ? Certes, il règne une atmosphère sonore planante voire inquiétante, mélange de guitares torturées, tantôt vives ou douces, mais tout de même, à l'image de "Compulsion", peut-être faudrait-il qu'ils approfondissent ce pop-rock fusion, funky, nerveux et simple, plutôt que de s'inspirer (trop) des aînés Radiohead ou Chemical Brothers. |