Pour
le visiteur, Venise, ville fascinante, fantasmatique et fascinante,
conserve tout son mystère derrière les portes
closes de ses palais dont les façades rutilantes d'apparat
sur le Grand Canal comme les latérales plus modestes
et austères laissent imaginer des merveilles et dont
peu sont accessibles au public.
Alors, cerné par la profusion notamment d'églises
et de places, il se gorge d'images d'extérieur, si l'on
peut dire, et, le promeneur éclairé doublé
d'un photographe amateur a tôt fait de chercher l'angle
insolite pour éviter la photo carte postale.
Immanquablement, il photographie les fenêtres qui paraissent
toutes différentes dont les vitres captent des reflets
inattendus souvent déformés de même que
l'eau mouvante des canaux recompose l'objet qu'elle reflète.
Car la Srénissime en son miroir ne cesse de se mirer
en elle-même.
Reflets vénitiens
Et
ce qui paraît naturel pour l'étranger ne l'est
sans doute pas pour les autochtones.
La preuve avec Riccardo Zipoli, qui
connaît bien Venise, où il enseigne la littérature
persane, et qui avait renoncé pendant 30 ans à
photographier sa ville, une ville si maintes fois photographiée
et peinte qu'il lui semblait impossible d'en proposer une approche
nouvelle.
Et puis, un jour, le 9 novembre 2004 exactement, il eut la
révélation envoyant une fenêtre du Campo
San Silvestro refléter le campanile avec une vision déformée
puis le reflet de la même église dans deux fenêtres
voisines avec donc un double reflet.
D'où
ce projet de photographier systématiquement des reflets
sur les vitres, projet érigé en réflexion
à la fois métaphysique et stylistique sur la thématique
du reflet dans le miroir et de la double image dont il relate
tous les développements dans un livre "Venezia
alle finestre" édité en 2006.
Une sélection de ses photographies toujours appariées
en diptyque et légendées avec des extraits des
poèmes d'un des plus grands représentants de la
littérature persane est donc aujourd'hui exposée
à la Maison Européenne de la Photographie.
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