Le cowboy et la callgirl est le nouvel album de Jacques Duvall. Le célèbre parolier de Lio, Marie France et Alain Chamfort pour ne citer que les collaborations les plus répétées, n’a jamais souhaité prendre la place de ses interprètes.
Homme discret, il s’est toujours tenu à bonne distance de la scène et du cirque médiatique. Serait-ce à cause de sa nationalité belge qu’il reste en périphérie, préférant l’ombre à la Ville Lumière.
Enfin pour nous Bruxelles brusselle toujours, pour preuve l’inventivité qu’on a retrouvée aux Trois baudets pour les spéciales cartes blanches à Jacques Duvall.
Bref, après Hantise, album sorti dans les années 80, Jacques Duvall s’est offert le plaisir avec Le cowboy et la callgirl de jouer avec les musiciens de talents, le groupe Phantom. Convaincu par Benjamin Schoos : Miam Monster Miam, il se lance dans cette aventure de cowboy.
Loin des clichés à la Eddy Mitchell, le cowboy de Jacques ne s’éloigne pas de son plat pays. Humour des séquences de cinéma, répliques de films et imaginaire de "poor looser cowboy" dont la Malboro prend la pluie.
Sur le blues ou le rock de Phantom, les personnages de Duvall peuplent Freaksville (nom du label de Miam Monster Miam) : homme loup, poupée borgne, callgirls, pierrot suicidaire. C’est un autre monde, celui qui pointe la dérision de nos pauvres peines et de nos lâchetés. Le disque construit un univers intemporel avec au loin quelques réminiscences yéyés et l’expressionnisme d’une menace soupçonnée.
Monde détraqué ou déréglé, ou plutôt âme détraquée et déréglée dans un monde affligeant de banalités et bruyants de mots inutiles, elle éclaire la musique et la poésie des êtres et l’imprévisible des désirs et des penchants, insensibles aux assauts des publicitaires.
En appuyant sur ces régions-là, Doc Duvall et les Phantom sondent plus sûrement ce qui fait la singularité de chacun, son petit côté réfractaire. |