Cela fait bien longtemps que Will Oldham, alias Bonnie Prince Billy ne suscite, même chez ses fans de la première heure, qu’un enthousiasme mitigé... Le bonhomme s’est lancé dans une production pléthorique ces dernières années, et on ne compte plus les sorties de différents maxis et autres albums qui viennent garnir les rayons des disquaires...
Exception faite d’une collaboration précieuse avec Matt Sweeney (ex Chavez) et un ou deux morceaux glanés ça et là, le barbu déplumé s’est progressivement éloigné de son folk rachitique et frustre ( une grande partie de son oeuvre du début des années 90 au tout début des années 2000) pour s’orienter vers une country décomplexée et Nashvillelesque à souhaits...
Il y a dix ans, vu son indéniable talent et son statut ultra culte, on se disait que Will Oldham pouvait tout se permettre... Typiquement le genre d’ânerie qu’on sort quand on est fan ultime d’un artiste... Mais quand, en 2004, le petit père Oldham s’est mis à assaisonner son folk aride à la sauce country le plus plouc que, même Chuck Norris doit kiffer grave, on a commencé à se dire qu’on perdait un vieil allié précieux...
Avec Beware, nouvelle livraison de Bonnie, on s’était pris à rêver d’un retour en grande forme du tonsuré vu le casting alléchant qui participait à ce nouveau disque: Josh Abrams de Town & Country ou encore Rob Mazurek, trompettiste essentiel de la scène post-rock de Chicago (Tortoise, Isotope 217).
Malheureusement, cette nouvelle mouture voit Oldham s’enfoncer un peu plus dans son obsession pour la country. On imagine bien le bougre faire la promo de Beware dans un trou paumé de l’Amérique au saloon local. Alors que le groupe entame un morceau digne du générique de Walker Texas Rangers ou pis encore, Shériff Fais moi peur, on entend un "Yihaaaaa" tandis qu’une blonde plantureuse sert de la Budweiser...
Ce triste scénario peut sembler improbable, mais malheureusement, la majorité des titres présents sur Beware sonnent comme un hommage appuyé au son si cher à Nashville...
Bien entendu, on sent encore sur de trop rares morceaux l’inégalable talent du bonhomme pour le folk sombre et funeste, mais cet album risque une fois de plus de laisser de vieux compagnons de route sur le bord du chemin... |