C'était un soir où les bières s'évaporaient avant d'avoir atteint le gosier, ce soir-là au Nouveau Casino. Un soir d'orage, un soir avec de l'électricité dans l'air, un soir de sueur. L'atmosphère était suffocante et la salle presque remplie.
Art Brut vs. Satan, le dernier album du groupe germano-brittanique Art Brut, produit par Frank Black, devait donc être interprété, pour la dernière date de la tournée du groupe, dans une ambiance très bang-bang-rock and roll.
En première partie, les londoniens de Official Secrets Act ne mettent pourtant pas les spectateurs dans cette ambiance-là. Habillés comme Haircut 100, soutenue par une batterie élevée à la The Alarm ou Big Country, et des claviers comme dans Camouflage, il faut bien avouer que, en plus de l'atmosphère lourde et moite de la salle, cette pop molle qui cherche des modèles dans les rebuts des années 80 ne donne pas envie de se remuer.
Art Brut rentre en scène peu de temps après 21h. Ils entament bille en tête par le dernier single, "Alcoholics Unanimous". Le son est fort et franchement crade, mais le groupe a une énorme présence. Le chanteur, Eddie Argos, retire la cravate dès la fin de la première chanson, puis s'adresse au public. Reprenant les paroles du refrain de la chanson précédemment interprétée, il déclare avec son fort accent cockney "Bring me Iced Tea, bring me iced coffee... It's far too hot for shirt, for trousers, for all thoses clothes... We are gonna play a lot of very slow songs". Promesse d'alcoolique ! Le rythme ne faiblira pas. "Direct Hit", puis "Modern Art". Dans cette chanson, Eddy Argos déclare que Paris est sa ville favorite, il se lance donc dans une anedote sur les difficultés de dire aux spectateurs de Bâle que Paris n'est que sa seconde ville préférée après Bâle.
L'énergie ne faiblit pas. Les titres extraits de trois albums se succèdent, entrecoupés des blagues d'Edie. "Rusted Guns of Milan", "Nag Nag Nag Nag", "What a Rush". Les versions de "Bang Bang Rock And Roll" et de "Moving to LA" rencontrent un énorme succès.
Le public crie, hurle, bouge. Eddie Argos reste assez impassible, sauf à la chaleur, sa chemise ouverte jusqu'au nombril. Mickey B, en short à carreaux et la moustache humide, debout derrière ses fûts et Jasper Future assurent le show. Si les titres du premier album, en particulier "My Little Brother" et "Emily Kane" sont les plus acclamés mais tous les morceaux, en raison de l'électricité dans l'air, trouvent le public. Un public composé de beaucoup d'étrangers, en particulier des anglais ou des espagnols.
En rappel, "Formed A Band" (et l'intro de "Highway To Hell" d'AC/DC) et "Post Soothing Out".
Le concert aura regorgé de références aux Ramones, aux Stones, aux Smiths, Jeffrey Lewis... C'est vrai que le chant ressemble à du Mark E. Smith. L'énergie à celle des Buzzcocks ou Die Toten Hosen. Ce n'était pas une soirée poésie, mais bien la rencontre d'un rouleau compresseur dans un sauna, le genre d'image qui plairait au groupe. |