Monologue théâtral, écrit, mis en scène et interprété par Patric Saucier.
Auteur, comédien et metteur en scène québécois, Patric Saucier dit de ce texte qu'il s'est imposé à lui, qu'il a jailli comme un uppercut sous sa plume. Un texte et une interprétation qui, pour rester dans le vocabulaire pugilistique, cueille le spectateur directement à l'estomac et au cœur.
Un texte nourri d'un zeste autobiographique sur ce qu'est la condition du gros gentil hors norme, réduit à sa seule conformation physique.
"Le boxeur" raconte la lente descente aux enfers d'un gros au cœur trop tendre entraîné dans la spirale de l'humiliation et de la violence depuis l'enfance. Bouc-émissaire idéal, grosse cible qu'il n'est pas facile de rater, et donc cible idéale pour les médiocres et les brutes, il est enfermé à jamais dans une vie qui n'était pas la sienne au sein d'une famille zolacienne qui le détermine à devenir boxeur, entre les quatre murs de l'exclusion et de la violence, entre les cordes d'un ring puis entre les barreaux d'une cellule.
L'écriture est belle, dense et minutieusement ciselée, ne se repose pas sur des effets, et exprime toute la misère et la solitude humaine : âpre et poétique, expressionniste et violente, elle évoque Tennessee Williams et John Steinbeck et l'épisode de la petite souris rapproche ce personnage de celui de Lenny du roman "Des souris et les hommes".
Sur scène, Patric Saucier, carrure impressionnante et visage poupin, comédien rassemblé qui joue large et généreux, porte ce personnage dans ses bras comme on porte un petit enfant sans pour cela jouer dans le pathos.
Ponctuée d'extraits musicaux qui puisent dans le rock garage, dans l'outlaw rock de Calvin Russell comme dans "Rocky Racoon" des Beatles ou "Il en faut peu pour être heureux" que chante Baloo dans le dessin d'animation "Le livre de la jungle", sa prestation est tout simplement éblouissante et lumineuse.