Comme c’est une interview par email, je commence en regrettant le peu d’information disponible sur toi sur internet. Pourrais-tu faire une sorte d’auto-présentation (d’où viens-tu, où as-tu grandi, qu’as-tu étudié, quand et comment a commencé ta carrière musicale, quelles ont été tes expériences depuis…) ?
Bon, mon opinion à ce sujet c’est : en quoi est-ce intéressant de savoir où j’ai grandi, où j’ai étudié et d’où je viens? Je trouve que dans cet âge d’or du village global ces questions intéressent de moins en moins... Ca ne m’intéresse pas de savoir d’où viennent les artistes que j’aime. Ce qui m’intéresse, c’est leur art. Sans vouloir être drôle, l’information est ailleurs.
Après l’écoute de Distance and Time et de Sort of Revolution, mon impression a été que le premier est le résultat d’un processus de séparation encore douloureuse pour le narrateur. Le dernier, au contraire, m’a paru exhalé l’ambition, l’optimisme, les promesses et les nouveaux commencements. Ai-je bien compris ? Tes textes sont-ils, d’une certaine manière, autobiographiques ?
Tous les textes sont totalement autobiographiques... Tu as bien lu... C’est vraiment ça qui s’est passé... Au fur et à mesure que la vie change, les expériences que je vis changent aussi. Le niveau d’abstraction et d’ambition (pour mon art, et pas pour moi) croît et nous améliorons tous notre capacité à l’atteindre. Va savoir, peut-être que tout ça c’est un peu prétentieux, mais les expériences des dernières années m’ont amené un peu partout à travers le monde. Les expériences physiques et les plus petites émotions sont les mêmes... Le passé continue d’avoir existé et le futur continue de venir et je crois que c’est un peu ça qui est encapsulé dans Sort of Revolution.
Actuellement, tu fais la promotion de Sort of Revolution. Un travail plus optimiste que le précédent Distance and Time. Penses-tu que ton style d’écriture et de composition est en train de changer dans cette direction ou bien est-ce la conséquence de ton état d’esprit actuel ?
Oui, on s’améliore constamment, tant dans la musique qu’on joue que dans le reste, ce qui est plus facile quand on veut faire quelque chose et qu’on l’exécute réellement – comme la musique "Q & A" – je pense que j’ai été au plus près de ce moment où je m’assis avec une idée dans la tête et elle sort par l’autre côté comme je l’avais idéalisée.
J’ai seulement réussi à écouter les deux albums dont nous parlons. Pourtant, deux autres sont nommés sur le site de ton éditeur (Ninja Tune) : Biscuits for Breakfast et Fresh Produce. Peux-tu en parler un peu au niveau de la musique et des textes ?
Biscuits a été le premier vrai disque de Fink, en tant que chanteur et compositeur – je cherchais encore à comprendre qui et ce que j’étais, comme le Ninja Tune... Mais il contient quelques bonnes chansons comme "Kamlyn" et "Biscuits" qui ont, d’après moi, bien supporté le poids du temps... Fresh Produce a été lancé sous le label électro expérimental de Ninja Tune, le N:Tone, en 2000. Il recrée un peu mes temps de DJ trip hop – j’ai de bons souvenirs de cette époque – mais je ne suis pas sûr qu’il tienne encore la route musicalement, peut-être dans certains morceaux comme "Ever Since I Was A Kid". Au niveau des paroles, je considère que le premier album est au niveau du meilleur de moi-même. Il est le résultat de toutes les idées que j’ai eu en moi pendant deux ans.
Ton son et ton style musical sont très différents du reste du catalogue Ninja Tune. Comment es-tu arrivé là ?
Eh bien, en grande partie parce que j’étais déjà là en tant que DJ et producteur, donc ça n’a pas été une grosse prise de tête pour Ninja Tune. En réalité, je pense qu’ils voulaient expérimenter un chanteur compositeur mais ils n’en trouvaient pas qui soit parfait pour la marque Ninja et ça a fini par être moi. Bien que beaucoup de ninjas les plus puristes n’aiment pas ce que je fais...
Les sons electro qui apparaissent dans quelques morceaux dans les deux derniers CD sont une introduction récente ou bien les utilisais-tu déjà depuis le début ?
Ils ont toujours été présents – je ne veux pas utiliser de cordes ni d’orchestre ou autre chose de ce style. Tout le monde est influencé par Radiohead et Nigel Godrich (moi je le suis, complètement). Avec du matériel électronique, on peut remplir la musique d’émotions, il suffit que tu l’humanises, que tu lui donnes de la vie. Mais je crois que mes années de DJ ont influencé les rythmes et autres trucs que nous utilisons.
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