L'événement
majeur de ce mois de juin 2009 à Venise qu'est l'ouverture
de la 53ème Biennale Internationale d'Art Contemporain,
qui s'avère décevante voire ennuyeuse, se voit
presque damer le pion par l'inauguration du centre d'art contemporain
de la Punta della Dogana qui lui vole la vedette tant en terme
événementiel que par sa parfaite réussite.
Deux ans quasiment jour pour jour après l'annonce de
l'attribution à François Pinault, homme d'affaires et
collectionneur d'art, qui supplantait la colossale Fondazion
Solomon R. Guggenheim en remportant l'accord de la ville de
Venise, le centre d'art contemporain sis dans les anciens locaux
de la douane vénitienne s'ouvre au public avec "Mapping
the studio", exposition en deux volets et deux sites.
Pour poursuivre l'œuvre commencée au Palazzo Grassi
depuis 2005 pour donner un aperçu de la personnalité
de sa collection dans sa dimension historique et contemporaine,
de colossaux travaux concernant notamment le gros œuvre
ont été réalisés dans un temps record
par l'architecte de réputation internationale Tadao Ando,
qui a également officié dans les mêmes conditions
drastiques de temps sur le premier site, et qui ne cèdent
pas dans le spectaculaire. En effet, la rénovation a
constitué, en quelque sorte, à remettre le bâtiment
dans son jus d'origine en conservant l'essentiel de sa structure
d'origine.
De
colossaux travaux concernant notamment le gros œuvre ont
été réalisés dans un temps record
par l'architecte de réputation internationale Tadao Ando,
qui a également officié dans les mêmes conditions
drastiques de temps au Palazzo Grassi, et qui ne cèdent
pas dans le spectaculaire. En effet, la rénovation a
constitué, en quelque sorte, à remettre le bâtiment
dans son jus d'origine en conservant l'essentiel de sa structure
d'origine.
De l'extérieur, situé à un endroit stratégique,
la pointe du Dorsoduro qui accueille le visiteur qui vient de
la lagune, abrite la construction du 15ème siècle
qui illumine par sa sobriété et sa puissance.
A l'intérieur, un espace superbe au volume impressionnant
divisé en nefs et ordonnancé par une mezzanine
autour d'un patio intérieur réussit et magnifie
l'œuvre du temps qui est d'unir dans la continuité
le passé et le présent.
Montrer l'homme à l'homme
Le
visiteur qui arrive par la mer, la plus belle approche pour
arraisonner cette proue artistique, découvre le bâtiment
introduit par une œuvre de Charles Ray, spécialement
commandée pour l'occasion, le "Boy with frog"
en acier inox peint en blanc, qui revisite à la manière
des études, le "David" de Donatello, œuvre
contemporaine de l'édification du lieu.
Pour cette exposition inaugurale, Bernard Pinault a mandaté
les curateurs pour présenter sa démarche personnelle
en tant que collectionneur d'art qui consiste, précise-t-il,
non seulement à acquérir des œuvres d'art
par passion, une passion qu'il souhaite partager avec le public,
mais également à "accompagner, autant que
possible, les processus de création des artistes".
Les commissaires de l'exposition, Alison
M. Gingeras, qui fut conservateur d’art contemporain
au Centre Pompidou et conservateur adjoint au Guggenheim Museum
de New York, chargée de la gestion et de la conservation
des oeuvres d’art contemporain et d’après-guerre
de la collection de François Pinault, et Francesco
Bonami, qui fut notamment directeur de la 50ème
Biennale de Venise et qui sera le commissaire de la 75ème
Whitney Biennal of American Art de New York, ont réuni
une sélection d'oeuvres judicieuse, excitante et animée
d'une cohérence interne.
Sur son fil conducteur, outre la première analyse qui
donne à penser à la représentation du monde
contemporain, il y a lieu de constater qu'elle rapproche et
met parfois en résonance dans une même salle des
oeuvres qui sont profondément ancrées dans une
préoccupation unique, universelle et intemporelle qui
est celle de la condition humaine et qui, d'une certaine manière,
se rapproche de celle du théâtre qui est de montrer
l'homme à l'homme dans ce qu'il a de plus fondamental
et de janusien, animé de cette force de vie qui résulte
de deux pulsions antagonistes et complémentaires, Eros
et Thanatos.
Si
Robert Gober utilise les appareils génitaux comme motifs
de papier peint (Wallpaper") et le chef de file du néo-pop
japonais sous influence erotico-manga Takashi Murakami célèbre
les sécrétions intimes ("Hiropon" et
"My lonesome cowboy"), le champ de sculptures cubiques
de Rachel Whiteread ("One hundred spaces") rappelle
les cadavres de marbre de Maurizio Catellan ("All").
Les gisants de Marlène Dumas ("Gelijkenis I &
II") répondent aux crânes de Matthew Day Jackson
("Skull spectrum") et aux vitrines dédiées
à l'holocauste de Jake & Dinos Chapman ("Fucking
hell").
Par ailleurs ce volet de l'exposition au titre emprunté
à la fameuse oeuvre-vidéo de Bruce Nauman, par
ailleurs choisi pour représenté les Etats Unis
à la Biennale et sacré Lion d'or, réunit
un florilège d'artistes qui constitue une rétrospective
de l'art contemporain.
Ainsi
trouve-t-on les précurseurs avec Cy Twombly, peintre
et sculpteur expressionniste abstrait et l'artiste conceptuelle
Lee Lozano, les seniors avec David Hammons, Paul Mc Carthy et
Sigmar Polke, les valeur sures avec Maurizio Cattelan, Cindy
Sherman, avec une série récente de photographies
sur les représentations féminines stéréotypées
au look des années 70, et Mike Kelley, les émergents
avec Glenn Brown et Mark Grotjahn et les starisés dont
Jeff Koons, le roi du pop kitsch avec son buste double avec
son ex-épouse, la Cicccolina, ("Bourgeois Bust -
Jeff and Ilona"). |