En voilà un de petit ouvrage qui va permettre à votre esprit de vagabonder dans les limbes de l’imagination. Car c’est là le sujet de ce livre. Le pont entre la rêverie et sa matérialisation à travers l’Art. En effet, comment donner corps à l’onirisme, chose personnelle et éthérée…
Les quatre auteurs s’attellent au sujet dans la plus grande liberté. D’autant plus qu’ils sont tous plus ou moins lié au surréalisme.
Breton, qui ouvre la messe, met en scène ses réflexions à travers des dialogues entre différents personnages. Dans son Alouette du parloir, il rapporte les échanges entre lui-même, Titania, sa muse onirique et Garo, représentant de la réalité et de l’obligation. Pleins d’humour, les dialogues fusent et s’affrontent entre les trois protagonistes. Garo ne cesse de reprendre la pauvre Titania à chacun de ses actes, et Breton se pose là comme arbitre entre les deux. De tout cela sort la pesanteur de la réalité qui s’oppose à la légèreté du rêve.
Gracq, dans un style différent, trace les contours de sa feuille à travers une interview intitulée Les yeux biens ouverts. Deux personnages : D pose les questions, R, l’écrivain-poète y répond. De cela sort une belle description du passage à l’acte chez l’auteur. Dans les termes de l’écrivain, on parle de "fixation" du rêve.
Ces deux derniers grâce à leurs talents respectifs rendent à la fois hommage au rêveur, et au poète.
Enfin, last, but not least, Lise Deharme (Le vrai jour) et Jean Tardieu (Madrépores ou l’architecte imaginaire), eux, décideront de nous promener dans des jardins parfumés et des maisons dont les murs sont imprégnés de souvenirs. Les deux écrivains prennent les rêves comme ils viennent et les saisissent sans les figer, leur écriture étant d’une fluidité et d’une vivacité rare.
Quand on sait que le farouch est un trèfle à quatre feuilles originaire de Provence, tout s’éclaire : ce petit objet littéraire vous portera chance, car il est à la fois un sésame vers l’évasion ainsi qu’un mode d’emploi de cette dernière. Chaque feuille est un pas de plus vers la lumière. |