Et dire que l'année dernière, la scène des FNAC Indétendances se plaçait au droit de la pile du Pont Marie et que le public s'étalait entre deux lignes de bitumes, voie sur berge et bretelle d'accès. Inclus dans l'espace de Paris Plage, à quelques mètres des échoppes et de la déco guinguettes, il fallait avoir la curiosité nécessaire pour trouver les groupes, ça se méritait en clair.
Cette année, nouveau décor, sur le parvis de l'Hôtel de Ville !
Dans l'axe du fronton "Liberté, Egalité, Fraternité", le festival et les artistes se doivent d’être à la hauteur. Alors juste récompense pour un festival qui a gagné à force de persévérances ses lettres de noblesse ou récupération pour une mairie peu avare de coups médiatiques... Ne nous attardons pas sur les dessous souvent peu avouables de telles décisions. Et ni le public, ni les groupes ne bouderont leur plaisir... et je crois bien que les statues de pierre et de bronze qui "solennifient" la façade n'y ont trouvé rien à redire non plus, j’ai vu des sourires amusés.
Première soirée, dès 18 h, La Casa. Le public allongé sur un matelas bleu électrique qui aiderait à bronzer, parait-il, goûte la musique comme il dégusterait une glace.
Passif, alangui, sans grande volonté de mouiller la chemise, ni de porter sa part de responsabilité dans le show.
La Casa, programmée en ouverture, a fort à faire pour enfin réussir à faire lever le public, à simplement se faire accompagner. Le groupe prend de l'épaisseur en concert, même si Pierro semble encore criblé de doutes. Il ne se départit pas de sa mine revêche ou concentrée. Allez un petit effort, du plaisir des sourires !
Il fait beau à 18 h et même très chaud. A trente, le carillon de l'hôtel de ville s'est même
permis de tintinnabuler.
Le son de la Casa s'est déployé rock, avec une énergie et cette couleur si particulière grâce au duo de trompettistes qui, eux, ont fort gesticulé dès qu'ils le pouvaient.
L'univers de La Casa se compose de combats et de héros ordinaires, de voyages qui ne
décollent pas et d'orages qui suintent l'ennui des adolescents coincés à la campagne. Univers de colère et d'énergie contenue, de sentiment d'impuissance, chauffé à blanc dans une musique qui implosera un jour peut-être.
Ceux qui passaient par hasard ne manquent pas de s'arrêter pour "La lune se marre, la lune..." qui éclate comme le bouquet final d'un feu d'artifice. Oui, La Casa a bien entamé la partie, allumé une flamme qu'on entretiendra à leur retour à Paris, au Café de la Danse en décembre.
Piers Faccini est revenu au Festival FNAC Indétendances en habitué. Il était déjà présent dans la programmation en 2005. Il aurait pu nous expliquer ce qu'il pensait du changement radical d'atmosphère du festival...
Si La Casa avait laissé des braises en partant, Piers Faccini n'en a cure. Ses compositions qui se balancent au gré du groove et des morceaux d'harmonica s'accompagnent d'un temps qui se rafraîchit un peu.
Piers Faccini, jeune anglais qui a vécu en France de longues années s'exprime dans un français parfait et s'amuse avec une retenue toute anglaise, ma foi, de ce mélange linguistique.
Le public est dedans. Il s'est un peu transformé en public de concert, il est temps ! La nonchalance du groupe cache des finesses mélodiques et des expérimentations sonores qui participent aux charmes de la formation. Ils partent égrener les festivals pour revenir à Paris, à la Cigale en décembre également, coïncidence amusante.
Les Josephs alors maintenant ?
Joseph d'Anvers précédant Joseph Arthur and the lonely Astronauts.
Joseph D'Anvers, gêné par le soleil déclinant demande à ce que la scène pivote, selon la lumière. Un doux rêveur, le Joseph... Ce qui nous donne droit aux lunettes de soleil jusqu'au dernier morceau.
Torturé, dans un imaginaire sombre et un peu enfumé, il y a un petit côté "j'ai toujours rêvé d'être un gangster" chez Joseph. Plus rock, et aventureux, il semble avoir pris un nouveau virage, à moins que ce soient les réorchestrations habituelles de ses concerts en plein air. C'est réussi, il y a une force qui se dégage. Les fuites, les amantes évaporées, les regrets et les humiliations, un beau fatras rock n'est-ce pas !
Un peu de cirque avec un bassiste pop au pantalon bleu-vert à la Mika et un pianiste qui lance des sons venus de l'espace...
D'ailleurs, j'en ai un de zig venu de l'espace à côté de moi, sauf que j'aimerais vraiment qu'il y retourne. Le personnage qui réorchestre et assure des choeurs, échos approximatifs, y en a marre, surtout qu'il mordrait, méchant avec ça ! De tout pour faire un public au festival de Fnac Indétendances.
Au tour des Lonely Astronauts et de Joseph Arthur. Il fait nuit, ça y est. Plus de soleil, les spots jaunes mauves. La soirée continue. Peut-être qu'il se fait tard. Un tri s'est opéré de lui-même. Certains sont partis manger.
Joseph Arthur toujours si grand, avec une bassiste toujours aussi canon, une sorte de Barbarella et de Liv Tyler mélangées et qui a l'air sympa comme tout.
Joseph Arthur puise toujours autant vers le côté traditionnel du rock, à la Rolling Stones. Jouant de sa voix sans complexe, il prend le ton caverneux de Leonard Cohen, comme les aigus de Beck. On les a connus plus énergiques, plus impliqués, comme à la Cigale l’année dernière. Il y a de l'économie dans l'air et puis le temps est compté. Alors à peine quelques morceaux joués avec les digressions dissonantes qui donnent le frisson et puis le groupe repart, avec son aura sexy autour des reins.
La première soirée du festival a commencé fort. Nul doute que ça continuera. Il fait bon passer ses vacances à Paris.
Jetez un oeil à la programmation et soyez à l'heure aux rendez-vous. Un festival de rock gratuit sur le parvis de l'hôtel de Ville, il faut en profiter, euh mais sans se défaire de tout esprit critique, citoyen avant tout ! "Français encore un effort si vous voulez être républicains". Have fun ! |