C’est uniquement avec Move Together que les oreilles Européennes font la connaissance de Ndidi O, cette Canadienne d’origine Nigériane dorénavant signée chez Naïve.
Auparavant, Ndidi O s’est essayée avec deux albums outre-Atlantique et ce, après avoir longuement cherché sa voie : des soirées open mic New-Yorkaises aux collaborations électro à Toronto, elle trouve aujourd’hui son style blues, folk, soul en rencontrant des musiciens l’accompagnant à la mandoline ou au violon. Comme beaucoup d’artistes, ce sont les disques entendus dans la demeure familiale : de Nina Simone à Billie Holiday qui lui forgeront petit à petit cette voix douce, grave emplie de sensualité.
Ce qui frappe à l’écoute globale de Move Together, c’est l’hétérogénéité de l’album et la présence de morceaux très différents que ce soit dans leur style ou leur qualité. Dès les premiers morceaux, Ndidi O pose une ambiance très sixties, tant dans le son que les rythmiques, variant les influences au fur et à mesure de l’album : du folk au blues, du gospel à la country parfois.
Un des titres phares de cet album sera certainement le "He needs me", très belle chanson folk/blues fort réussie. On espèrerait que ce titre intimiste et romantique reste relativement confidentiel pour le garder comme un précieux secret mais son caractère assez épuré et finalement relativement consensuel pourrait faire craindre qu’on le retrouve sur nos écrans TV en fond sonore d’un quelconque spot de pub.
Après ce tube en puissance, les morceaux suivants ne peuvent que faire retomber l’intensité. On est peu à peu contrarié puis déçu de découvrir l’association de compositions quasi country-BO de western ("Wicked lady") ou pseudo ska ("Her house is empty"), comprenant chacune un riff de guitare peu approprié, s’accordant peu avec la voix de la chanteuse. De quoi vous faire presque arrêter l’écoute de l’album.
Heureusement, la superbe voix de Ndidi O nous incite à poursuivre l’écoute car on retrouve de belles perles qui valent le détour à partir de la deuxième partie de l’album. La voix de Ndidi n’est jamais autant mise en valeur que sur des morceaux à tendance folk feutrée tels que "Goodnight" ou sur des morceaux très Blues / Gospel comme "Move Together". De la même manière, le "Forever" nous emmène d’abord lentement puis de manière assez dynamique dans un morceau teinté de cuivres nous transportant à la Nouvelle Orléans.
Décidément, cette fin d’album est pleine de bonnes surprises puisque le "Cry all day", une soul lancinante, nous plonge littéralement dans la profondeur de la voix de Ndidi qui s’exprime ici superbement. Sur cette partie de l’album, on passera le peu réussi "Almost" pour mieux terminer avec "May be the last time, I don’t know" un magnifique Gospel clôturant ce disque.
Au final, on est mitigé devant cet album de Ndidi O, il reste un goût amer, comme un sentiment de gâchis qui se dégage de ces quelques titres qui viennent polluer un disque qui aurait pu être de bien belle facture.
Ndidi continuerait-elle encore à chercher sa voie comme ce fut le cas à ses débuts ? On espère que non car les magnifiques ballades soul blues voire gospel dont elle a le secret méritent d’y consacrer un autre album que l’on attendra avec impatience pour s’assurer qu’elle emprunte la route qui lui sied le mieux. |