Autant la première journée semblait faiblarde sur le papier, autant la deuxième pouvait difficilement décevoir.
Retour sur le site le lendemain en plein cagnard avec Didier Super, véritable empêcheur de tourner en rond de la chanson française.
Musicalement, l’expérience relève du carnage intégral : des musiciens à la peine, un chant terrifiant. Mais les textes, quel régal.
Difficile en effet d’envisager Didier Super comme un musicien à part entière pour celui qui apparaît comme un héritier direct de Coluche. Ses paroles sont méchantes, gratuites, vulgaires, ses personnages immoraux ou cruels… mais pour autant tellement justes et hilarants. Son attitude incontrôlable, ses insultes au public fréquentes. Un vrai ballon d’oxygène dans une société où il semble impossible de sortir du politiquement correct faisant valeur de référence. Du troisième degré certes, mais toujours salvateur. Et étrangement la majorité du public semblait séduite… Si seulement il pouvait en résulter une prise de conscience...
Pas le temps d’attendre la fin, direction la petite scène pour assister au retour de Tunng devant un public plus que clairsemé. Ambiance bucolique, soleil, lunettes de soleil, traits tirés, regards perdus, le sextet anglais démarre doucement sa prestation. Puis la sauce prend petit à petit, clairement moins bien qu’au Point Ephémère l’an passé, pour rendre le moment tout à fait agréable.
Partant de structures mélodiques classiques, Tunng empile les discrets sons électroniques, les sons de jouets d’enfants, les chœurs. Calme, reposant, contemplatif jusqu’au final en apothéose sur le tubesque "Bullets". De quoi sortir de leur torpeur les plus récalcitrants.
Retour ensuite sous le chapiteau pour applaudir Mono, encore à considérer comme un des fers de lance de la scène post-rock actuelle, bien que cette appellation n’ait jamais signifié grand chose. Appliqué, sûr de sa force, le quatuor japonais proposera quarante cinq minutes intenses, majoritairement dévolues à leur nouvel album (Hymn To The Immortal World) libérant des torrents d’émotions. Sans la moindre communication avec le public bien que l’on sente les musiciens excités de participer à l’évènement. Les quelques centaines d’aficionados ne bouderont guère leur plaisir.
Après un tel déluge sonique, petite pause avec Herman Düne, désormais recentré autour de Yaya et Neman pour un set quasi exclusivement dédié à leur dernier né Next Year In Zion. Avec le départ d’André et l’accession à un public plus large, Herman Düne a subi de profonds bouleversements se muant entre groupe pop folk tendance mainstream. En voyant Yaya gratouiller sa guitare l’air absent, on repense à Stanley Brinks croisé dans un squat berlinois en mai dernier, plus en verve et inspiré que jamais. On se demande lequel a choisi la meilleure trajectoire de carrière… Et le groupe de continuer à enchaîner les bluettes inoffensives, un peu de ukulélé par-ci, de guitare électrique par-là. Un show sans âme tout à fait ennuyeux. Triste lorsque l’on repense à cette incroyable formation que fut Herman Düne à une époque.
Suite de la programmation post-core métal sous le chapiteau avec les cultissimes Isis. Une prestation d’une puissance et d’une sauvagerie inouïe ; les guitares d’une lourdeur impressionnates, riffs féroces, les fulgurances d’Aaron Turner au micro complétant un tableau déjà bien chargé. Amusant de voir cet atroupement de métalleux tout de noir vêtus ayant littéralement pris d’assaut la petite scène, à juste titre hypnotisés par le spectacle.
Avec un peu de retard, voici enfin le retour de Gossip aux affaires, suite à la parution de leur bancal nouvel album (Music For Men). Robe moulante dont elle a le secret, danses frénétiques, énergie à revendre, Beth Ditto reproduit les recettes ayant fait la légende des américains sur les planches. Pourtant, jamais leur show n’arrivera à véritablement décoller et atteindre les sommets tutoyés les années passées (Nouveau Casino 2007 ou Mofo 2006). La faute certainement à cette recrudescence de beats aboutissant à une relecture dancefloor de leur répertoire. Grossière erreur d’avoir mis au rancart ces guitares, véritable partie intégrante du son Gossip. Les kids kiffent mais pour combien de temps encore ?
Au final, une édition 2009 dans la lignée des précédentes : des confirmations, des surprises, de belles découvertes. Du moins bon également mais telle est la rançon d’une programmation ratissant un aussi large public. Vivement l’année prochaine. |