Je passe vite sur le rituel nuit courte rythmée par les basses et les conversations toujours colorées des voisins, sauna sous la tente dès 8h, jus d’orange, douche, plage, dodo, coup de soleil, ravitaillement au "Consum" climatisé, douche, et… deuxième soir.
On commence par une petite découverte dont les écrans faisaient la promo depuis la veille : Polly Mackey and the Pleasure Principle (tout un programme !). Malgré son jeune âge (et un nom à coucher dehors), Polly assure ! Avec ses petits copains, un peu perdus sur cette scène trop grande pour eux, elle va délivrer un bon moment de pop/rock très typée Californication (la série, pas les Red Hots, faut pas exagérer). Elle laisse ensuite la place aux ballades efficaces du vétéran Nacho Vegas, le Leonard Cohen espagnol. Les natifs apprécient.
Pas le temps de chômer, c’est un autre vétéran (Paul Weller) qui s’empare de la grande scène [à noter le manque d’originalité de l’organisation qui nous sert depuis la veille les mêmes chansons pendant les changements de groupe (à savoir les excellents Go-Betweens et leur tube "Was there anything I can do", le plus étonnant Etienne Daho et "Bleu comme toi" ou encore la fraîcheur du "You’re in a bad way" de St Etienne)].
Le concert est vite concurrencé par un départ de feu léchant la tribune VIP qui, ironie du sort et telle la sœur Anne, ne voit rien venir, car de dos ! L’incendie, attisé par un vent violent, finira par ravager l’ensemble des Oliviers menant à la plage, laissant un paysage assez crépusculaire. Une (jeune) anglaise me demande quel est le titre connu du monsieur sur scène mais finalement parait plus étonné par le fait de voir un français à Benicassim que par la réponse… Le concert est d’ailleurs écourté car la météo change très vite, la température chute et le vent se renforce sacrément, mettant en péril les écrans géants et l’ensemble des armatures des différentes scènes. On nous annonce une courte interruption pour mettre un peu d’ordre.
S’en suit une magnifique désorganisation qui nous prédit sans cesse la reprise imminente des concerts avec les très attendus Kings of Leon. Pour passer le temps, la foule erre de stand en stand, profitant au passage d’un anglais jovial massacrant "Beat It" à Guitar Hero, du Space Invader Challenge (si, si !) chez Kaspersky ou des imitations de Mister Freeze offertes par Vodafone.
Après une heure d’incertitude, ça y est, on nous le promet, les KoL vont débarquer. La lumière s’éteint, les gobelets fusent et… un gentil speaker nous annonce que finalement, ce sont les modestes New Yorkais de Tom Tom Club qui arrivent ! Je vous laisse imaginer l’accueil qui leur est réservé ! Ca siffle, ça chahute et ça renvoie du gobelet (comme quoi dans la joie ou le malheur, l’émotion se manifeste toujours de la même façon !). Beaucoup de courage en tous cas pour le groupe…
Je préfère quitter le site car je m’inquiète pour ma tente et j’ai bien senti que The Horrors, Maxïmo Park et Kings of Leon ne montreraient pas la pointe d’une guitare. Arrivé au camping, c’est le chaos le plus total : la plupart des tentes sont partis rejoindre d’autres horizons et l’on croise ça et là des sacs de couchage, des matelas volants et autres sous-vêtements.
Le camping sera finalement évacué pour ceux qui souhaitent dormir au calme dans un gymnase de la ville, mais bravant les intempéries (et surtout trop fatigué pour me lever), je tiendrais les quatre coins de ma tente jusqu’au bout de la nuit !
Le petit matin et la lumière du jour ne rassurent personne sur la poursuite des festivités. Les points infos sont mystérieusement déserts et les bénévoles qui ont pourtant un talkie greffé à l’oreille restent muets.
Et le miracle aura bien lieu : en quelques heures, le site pourtant défiguré va renaître dans une version un peu plus light et quelques mètres carrées de toile en moins. |