Dans le prestigieux Musée d’Histoire naturelle de Paris, d’étranges événements se produisent : des meurtres. Des crimes horribles dans ce milieu que l’on imagine pourtant feutré et poussiéreux, seulement secoué, peut-être parfois, par des chicaneries d’intellectuels et de chercheurs sur la classification d’insectes ou de fossiles.

Prenant comme point de départ la chute d’une météorite venue du fin fond de la galaxie, météorite contenant des micros -organismes antérieurs à l’apparition de la vie sur Terre, Véronique Roy, dans son roman Muséum, nous emmène à la découverte des querelles sur l’apparition et l’évolution de la vie. La trame policière n’est qu’un prétexte à l’exposition des différentes thèses et opinions sur ce sujet., pour nous confronter à Darwin, Lamarck, et autres personnalités des siècles passés qui ont permis à la science d’avancer, pour nous lancer à la recherche du chainon manquant, et nous interroger sur les relations entre la science et la foi.

L’auteur, ayant travaillé au cœur même du Musée d’Histoire naturelle de Paris, nous en restitue toute la complexité architecturale – des bâtiments inchangés, héritages des siècles passés – et humaine : les luttes de pouvoirs, les querelles de spécialités – les paléontologues, les astrophysiciens, les géologues, etc.

Même si la trame policière est un peu pauvre et prévisible, les personnages seulement prétextes à porter un message ou à incarner une idée ou une opinion, cette plongée dans les différentes théories de l’apparition et de l’évolution de la vie sur Terre, remarquablement documentée et rédigée dans un langage clair et sans prétention, permet d’accéder à des informations et courants de pensées trop peu souvent relayés dans les médias.

La véritable intrigue policière réside donc en fait, non pas dans la recherche et la punition de l’assassin, mais dans la recherche de la vérité scientifique, ou plutôt dans l’identification de cette vérité scientifique, les différentes hypothèses et courants de pensées en étant les suspects.

La séparation doit-elle, peut-elle être, stricte entre science et religion ? Peut-on tout remettre en cause sous prétexte que la liberté d’expression est un droit ? La théorie de l’évolution de Darwin n’explique pas tout, voilà la brèche dans laquelle s’engouffrent les créationnistes et autres thuriféraires de la foi, mais peut-on placer sur un pied d’égalité Darwin et la Bible ? Lucy et Adam ?

Si le propos de Véronique Roy n’est pas de nous donner toutes les réponses, il a malgré tout, le mérite de nous faire réfléchir sur l’ancestrale question de nos origines.