A la question : où les Coming Soon sont-ils allés chercher leur talent et tant de bon goût alors que les six jeunes gens sont issus d’une des villes les moins rock de France (les derniers rockeurs annéciens ayant bénéficié d’un succès relatif voire départemental, s’appelaient les Sausage Biscuits et gratouillaient péniblement alors que Leo Bear Creek – batteur – ne devait avoir que 2 ans) ? A cette question donc, nous n’apporterons aucune réponse, enfin pas avant d’avoir pu leur poser la question.
On sait quand même des Coming Soon qu’ils ont très vite côtoyé le meilleur de la scène anti-folk et ce, dans toute sa largeur. Que ce soit Kimya Dawson (avec qui ils ont travaillé sur la B.O. désormais culte de Juno), Angelo Spencer (annécien expatrié de longue date, un lien possible ?), Jeffrey Lewis, The Waves Pictures, Herman Dune ou encore Stanley Brinks. Rien que ça ! De quoi voir du pays et s’imprégner du talent de ces self-made artists, ayant tous la scène dans le sang.
Après New Grids, un premier album dès plus prometteur, incluant l’imparable "Big Boy" chanté par un Leo Bear Creek alors âgé de 14 ans (les autres n’étant pas tellement plus vieux), les voilà déjà de retour avec Ghost Train Tragedy. Seulement une année et demi s’est écoulée, pourtant on sent clairement que les choses ont évolué bien plus rapidement pour eux. D’une incroyable maturité, truffé de tubes en puissance, éclectique mais pas éparpillé, énergique comme leurs performances scéniques, ce nouvel effort est une franche réussite.
Et ça commence dès l’ouverture (tant qu’à faire). "Walking", le titre le plus rock de l’album, avec ses guitares saturées et le chant passionné du conteur Howard Hugues. "Manners & Education" rappelle Dionysos période Western Sous La Neige, avec ces sonorités ludiques et rafraîchissantes.
Le communiqué de presse officiel nous fait part d’une confidence selon laquelle The Waves Pictures aurait écrit un des titres de l’album… mais sans consentir à nous dévoiler lequel. On pose un billet de 10 sur "Don’t Sell Me To The French", un peu pour le titre clin d’œil, mais surtout pour l’écriture et le chant qui s’approchent au plus près des productions du génial trio anglais.
C’est Alex Banjo qui prend le micro pour "Steel Wire". Séduisante ballade sur laquelle viennent se greffer quelques envolées pop joliment orchestrées. Les voix se mélangent ensuite sur "School Trip Bus Crash". Le tube pop dans ce qu’il a de plus frais et de réjouissant, sans oublier son refrain entêtant qu’on aime reprendre en chœur. Les Coming Soon vont même jusqu’à oser le disco avec "Moonchild" et là encore, ça fonctionne. Le tout associé à une bonne guitare, quelques notes de claviers, et nous voilà avec un titre terriblement dansant.
Mais c’est sur une envoûtante ballade baba que Ghost Train Tragedy se conclut, permettant ainsi un atterrissage tout en douceur.
Ni catastrophe, ni tragédie dans le nouvel album des Coming Soon, bien au contraire. Les petits gars et la jeune fille sont officiellement sur les rails du succès, et s’il en faut davantage pour vous en convaincre, allez les voir sur scène. Le doute ne sera alors plus permis. |