Spectacle écrit, mis en scène et chorégraphié par Philippe Pelen Baldini, avec Thierry Moucazambo, José Njiva Andrianantenaina, Michaël Marmitte et Pascal Marie.

La Ravan est un large tambour fait d'une peau de chèvre tendue, circulaire et blanc, comme une lune pleine, comme le masque des sans-visages, blanc comme le silence et la lumière de l'été.

Le Théâtre Talipot et ses quatre artistes, danseurs, chanteurs, conteurs font sonner l'instrument pour rendre hommage aux grands Marrons. Les grands Marrons sont ces illustres ancêtres qui, sur l'île de la Réunion, de Madagascar ou du Mozambique ont déserté les champs de canne à sucre pour gagner leur indépendance et montrer la voie d'une autre vie possible pour leur peuple.

Nul n'ignore les trafics d'esclaves aujourd'hui et le marchandage du bois d'ébène: de ces peuples considérés comme des races inférieures, auscultés selon leurs caractéristiques physiques et leur capacité à endurer un travail pénible et méprisé. Maintenus dans l'ignorance et la soumission, ceux qui osaient se rebeller alors, et qui par malheur se faisaient rattraper au cours de leur fuite avaient les mains tranchées. Mutilations, violence, atteintes à l'intégrité physique et psychique: un droit que les blancs justifiaient sur des critères de couleur de peau. L'évocation de ces courageuses victimes, hommes comme femmes a été pensée comme un rituel, comme une profession de foi et de respect d'un peuple envers ses martyrs.

La chorégraphie de la compagnie donne à comprendre la dimension mythique et symbolique de ce passé de douleur et d'horreur. Les mains prennent vie, les corps vibrent encore, les muscles ondulent pour la parade, comme s'il s'agissait de mimer le drame pour l'exorciser, de fêter les ancêtres pour vivre une liberté nouvelle qui leur est due en partie.

Spectacle d'une belle inspiration, qui ne sombre jamais dans la victimisation. Il donne foi dans le progrès de l'humanité, devient fête et chants de liesse, tendu vers un futur plein de promesse, qui verra l'Afrique jouer le rôle qui lui revient.