Clermont-Ferrand encore et toujours. Notre premier souvenir avec Zak Laughed remonte au festival des Inrocks l’an passé. Seul au bord de la scène devant le rideau, celui-ci avait brillamment joué l’entertainer le temps d’un changement de matériel entre deux concerts. Et quelques mois plus tard de tomber au hasard sur cette lumineuse relecture de "The End Has No End", réinventant littéralement le morceau ; lequel valant au final nettement mieux que le deuxième Strokes. Pas étonnant qu’avec cette version, Zak ait remporté un concours de reprises organisé par Rough Trade. Ainsi qu’un début de notoriété.
L’affaire commençait donc à devenir sérieuse. Avec la rentrée, le jeune clermontois enclenche la vitesse supérieure avec la parution de son premier opus The Last Memories Of My Old House. Le talent n’attend pas l’âge, l’histoire l’a déjà démontré à de maintes reprises (Paul Weller, Alex Chilton, Steve Winwood…). Il finit donc par être usant à la longue de voir la majorité des médias se focaliser – uniquement – sur ses quinze ans. Zak Laughed, jeune adulte perdu pour quelques années encore dans un monde d’adolescents mérite quand même mieux que le journal de Jean-Pierre Pernaud...
Revenons-en plutôt à ce premier disque : quatorze pistes alternant titres en groupe aux arrangements très Friends Of Mine dans l’esprit et ballades d’inspiration Daniel Johnston – en version high fidelity toutefois. A deux exceptions près : le tube intersidéral "Each Day" ainsi que "Apology Song" grossièrement inspirée par Jeffrey Lewis ("Seattle") et le Velvet Underground ("Waiting For The Man").
Sur la longueur, le disque de Zak s’avère assez exigeant pour l’auditeur. Sorte de songwriting folk à l’ancienne, à peine réactualisé dans la forme. A l’instar de sa prestation solo au Nouveau Casino fin août. Déroutant aussi parfois. Une prise de risque plus importante, un détachement plus net vis-à-vis de ses influences auraient parfois été bienvenus mais comment ne pas succomber à ces pépites de pop-folk que constituent "December Song", "LadyBird & Bob Dylan" laquelle aurait pu être écrite par Leo "Big Boy" Bear Creek et surtout "Bad Cough", incontestablement la meilleure du lot.
Sans pour l’instant se hisser au niveau du collectif Kütu Folk, Zak Laughed vient de signer un premier album qui marquera 2009 bien au-delà de Clermont-Ferrand. Inutile de préciser que l’avenir s’annonce pour lui sous d’excellents auspices. |