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puce Julie Doiron- The Only Ones
L'Aéronef  (Lille)  samedi 10 octobre 2009

Le grand retour du groupe culte de la fin des années 70, The Only Ones, sur la scène de l’Aéronef de Lille, prolonge celui du leader des Modern Lovers, Jonathan Richman, invité il y a quelques mois sur le même lieu. C’est une performance de la part de la salle lilloise que d’accueillir la même année deux groupes de cette trempe – mythes encore bien vivants de l’histoire du rock. Mais si Jonathan Richman a réussi à conserver, au fil des années, une constance dans sa créativité, dans sa production musicale, on ne peut en dire autant de The Only Ones, groupe malade qui a fini par s’épuiser, et se séparer en pleine ascension (marquée par la sortie en 1980 de son troisième album à la beauté crépusculaire, Baby’s got a gun). On peut parler, à leur propos, de grand groupe malade, comme François Truffaut se plaisait à qualifier Marnie d’Alfred Hitchcock, de grand film malade – un élément malsain venant  troubler l’apparente harmonie de surface, forcément éphémère ; venant bouleverser l’ordre des choses.

Cette crise sévère, marquée par les problèmes de drogue du chanteur, et par conséquent son penchant à l’autodestruction, semblait prendre fin une quinzaine d’années plus tard avec la sortie d’un album solo de Peter Perrett, brillant et digne de ses débuts : Woke up sticky, sous le nom de The One. Mais encore une fois, de nouveaux problèmes de drogue continuaient de ronger les possibilités d’une formation instable, toujours placée sur le fil du rasoir.

Aux prises avec la dépendance, flirtant avec la mort, voire la folie, isolé du monde, Peter Perrett ne pouvait savoir ce que la nouvelle génération de groupes anglais romantiques lui devaient (des Libertines aux Black Angels) : sans aucun doute, ce vestige du mouvement punk post-76 n’a pas encore mesuré l’onde de choc, importante mais jamais désignée, qu’il a suscitée. The Only Ones fait partie des oubliés, génies incompris, dont l’influence est prégnante aujourd’hui. Pourtant, cas unique de cette génération sacrifiée, le groupe a trouvé le courage de se reformer, au mépris de tous les obstacles qui eussent pu l’en empêcher. La question qui nous vient dès lors à l’esprit : cette parenthèse de presque trente ans a-t-elle jamais existé ?

Sur scène, si Peter Perrett garde ses lunettes noires, semblant dissimuler un regard peut-être trop révélateur de ces deux dernières décennies passées dans l’obscurité, il n’en demeure pas moins ancré dans cette gravité qui a contribué à marquer ses chansons ténébreuses, belles mais fragiles. L’énergie surgit dès les premiers accords de "The Immortal Story", qui ouvre le concert ; et se maintiendra jusqu’au final avec les inoubliables "Another girl, another planet" ; "Big Sleep" ; "The Beast" (pour le rappel). L’ange noir, accompagné de ses acolytes de 1978, se révèle tel qu’il a toujours été : vulnérable, dangereusement vulnérable. Le timbre inimitable de sa voix l’atteste : une voix androgyne, amochée, terriblement triste, proche d’un Lou Reed sous amphétamines.

"I always flirt with death / I look ill but I don’t care about it": en d’autres termes, Perrett semble dire : "j’ai peut-être côtoyé la mort à plusieurs reprises, mais regardez comme je reste debout, je me fous de ce qui a pu me heurter, je m’en fous de toute éternité". Et pour quel objectif ? Rien que le pur plaisir d’exister, et le plaisir aristocratique de déplaire, en luttant inlassablement contre les rumeurs (toujours fausses), les critiques, le passé. Le génie reste un scandale. L’avant-garde de la musique ne se rend pas encore.

Avant une prestation d’une telle ampleur, il fallait que Julie Doiron, en première partie, puisse proposer une alternative : situation difficile, admettons-le. Mais contrairement à son habitude, la canadienne s’est décidée, pour cette tournée Européenne, à brancher les guitares, et donner plus de relief à sa musique en créant un fil directeur entre ses folk-songs intimistes et un rock plus bruitiste, versant noisy-pop. On jurerait par moments entendre un croisement entre Catpower  (pour la voix) et Shannon Wright (pour la hargne). Ce serait insuffisant s’il n’y avait que ces réminiscences. Les influences ne fonctionnent qu’en accord avec un élément supplémentaire qui vient les enrichir, les prolonger, et par cela même leur donner une certaine légitimité. Cet élément, en ce qui concerne Julie Doiron, peut correspondre au dépouillement de ses chansons, à leur nudité malgré toute l’électricité qui vient les couvrir. Les guitares ne suffiront à masquer ni sa fragilité ni sa grâce. Tant mieux.

 

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La chronique de l'album Goodnight Nobody de Julie Doiron
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L'interview de Julie Doiron (avril 2007)

En savoir plus :
Le site officiel de Julie Doiron
Le Myspace de Julie Doiron


David Falkowicz         
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# 1er décembre 2024 : de quoi se réchauffer

En attendant l'avant-dernière Mare aux Grenouilles de l'année le 6 décembre, voici notre sélection culturelle de la semaine.

Du côté de la musique :

"Cartoon Darkness" de Amyl and The Sniffers
"Day After Day" de Cy
"Reboot" de Harun
"Hydropath" de Isil Bengi
"Dummy light in the chaos" de Montañita
"O Days" de NLF3
"Nouveau Ministère" de Planterose
"Silence the night" de Sang Froid
"Drag N'Fly" de The Dynamics

et toujours :
"Secte" de 1=0
"Country" de Baptiste W Hamon
"French Manhattan" de L'Ambulancier
"Après le déluge (et autres illuminations d'A. Rimbaud)" de Les Enfants d'Icare
"Mégaphenix" de Mustang
"The good kind" de Our Girl
"Come ahead" de Primal Scream
"The day lady Rachel died" de Sacha Gordon & The Weird Orchestra
Interview de Sophie Darly autour de son album "Slow down fast"
Nouvel épisode "L'enfance - Partie 2" de la nouvelle saison du Morceau Caché !

Au théâtre :

"After Show" au Théâtre du Rond-Point
"For Gods Only" au Théâtre du Rond-Point
"Tu connais la chanson ?" au Théâtre Le Funambule
"Yvonne ou ma génération Y" au Théâtre La Flèche

et toujours :
"Dialogues de bêtes" au Théâtre Le Lucernaire
"Body concert" au Théâtre du Rond-Point
"Iphigénie à Splott" au Centre Wallonie-Bruxelles
"Psychodrame" au Théâtre de Suresnes Jean Vilar
"Tribu Nougaro" au Théâtre Hébertot
"La chute de la maison Usher" au Théâtre Darius Milhaud

"n degrés de liberté" au Théâtre de Belleville
"Lumière !" au Théâtre Le Lucernaire
"Pauvre bitos ou le diner de tête" au Théâtre Hébertot

des reprises :
(des pièces déjà chroniquées qui reviennent à l'affiche, atttention, parfois c'est dans un théâtre différent)
"L'Art d'être bête" au Théâtre de Poche Montparnasse
"Toutes les choses géniales" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Comment va le monde ?" à Théâtre Essaïon
"66 jours" à La Scala
"Intra Muros" à La Pépinière Théâtre
"Des ombres et des armes" à La Manufacture des Abbesses
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Je m'appelle Erik Satie comme tout le monde" au Théâtre Le Funambule Montmartre

Du côté de la lecture :

"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser
et toujours :
"De cendres et de flammes" de Kate Mosse
"Histoires de la seconde guerre mondiale" de Jean Lopez & Olivier Wieworka"Dernier meutre au bout du monde" de Stuart Turton
"Sparte contre Athènes" de Manuel Rodrigues de Oliveira

Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Slow Pulse Boys, the story of And Also The Trees de Sébastien Faits-Divers & Alexandre François
"Au Boulot !" de Gilles Perret et François Ruffin
"Le repli" de Joseph Paris
"Rivière" de Hugues Hariche
"Les oubliés de l'amérique" et autres films de Sean Baker
"Terrifier 3" de Damien Leone
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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