Drame d'Olaf et Palau, mise en scène de Frédéric Jessua, avec notamment, Isabelle Siou, Elise Chieze, Dominique Massat, Laure-Lucile Simon, Julien Buchy, Laurent Papot et Taha Lemaizi.
Après avoir entraîné tout l'été la Butte Montmartre dans les délices angoissantes du Grand Guignol, genre d'épouvante comico-mélodramatique qui connut un grand succès à la Belle Epoque, la Compagnie acte6 en remet une couche cet automne et "à Passy, très chère", au Théâtre Le Ranelagh.
Elle propose quatre pièces courtes qui illustrent les différents registres dans lequel officiait les auteurs du Grand Guignol dont les sources d'inspiration étaient constituées principalement par la presse des faits divers sanguinolents et l'univers médical.
Parmi les pièces proposées, "Les détraquées", signée Olaf et Palau, le premier étant le pseudonyme du célèbre neurologue français Babinski, ressortit à la deuxième catégorie, celle du théâtre médical dans sa variante "psychiatrie" qui s'arc-boutant, sur la vogue de l'aliénisme du début du 20ème siècle et de la vulgarisation de la folie, en dénonçait les dérives pernicieuses et moralisatrices.
L'intrigue se déroule dans un univers clos traditionnellement propice aux dérèglements des sens, une institution de jeunes filles, et dès les premières répliques, à l'instar des tragédies classiques, le spectateur est mis au parfum, s'attendant au pire. Car ici les amours saphiques riment avec avec perversion sexuelle, morphinomanie et folie meurtrière.
Frédéric Jessua mène son petit monde à la baguette pour respecter les codes de jeu du Grand Guignol qui mêle en l'espèce réalisme ordinaire, inquiétante étrangeté et ambiguité érotique en plaçant le spectateur en position de voyeur un tantinet morbide de ce que l'on appelait l'hystérie féminine.
La troupe joue donc le jeu avec une conviction non dénuée d'une certaine jubilation et la prestation de Dominique Massat, qui trouve dans le rôle protéiforme de la fauteuse de trouble une belle partition, est particulièrement réussie.