C'est sur un double
concert quasi parfait que nous avions quitté Jean
Louis Murat en novembre, lors de son précédent
passage à la Cigale... Et c'est avec une certaine appréhension
mâtinée d'une bonne dose d'exigence que nous l'attendions
pour son retour dans cette même Cigale seulement 5 mois plus
tard.
Car il faut reconnaître que Murat est adepte de ces tournées
en plusieurs phases. Souvenez de la tournée en 2 temps de
Mustango, électronique 6 mois
avant, il revenait ensuite avec un set quasi acoustique superbe.
Chaque morceaux réarrangés comme autant de nouvelles
chansons, preuve s’il en est de la qualité de ses compositions.
Si cette deuxième tournée Lilith
affiche moins de novation que sur Mustango nous aurons tout de même
notre lot de surprises.
Comme il ne faut pas changer une formation qui marche, on retrouve
les toujours efficaces Fred Jimenez à
la basse et au piano et Stéphane Reynaud
à la batterie rejoints par Camille,
déjà aux choeurs sur l'album Lilith ...
Tout comme en novembre, les 2 soirées furent semblables sans
être identiques. C'est à dire une setlist similaire,
à une ou deux chansons près mais surtout une interprétation,
une réinterprétation devrait-on plutôt dire
qui en étant déjà très différente
des précédents concerts, différait également
sensiblement d'un soir sur l'autre selon l'humeur... selon l'humour.
Mais la vraie surprise venait surtout du fait que cette tournée
est presque exclusivement composée de titres de Lilith et
de titres du DVD Parfum d'acacias au jardin
sorti en février. Joli challenge donc de se renouveler autant
en si peu de temps puisque tout son ancien répertoire a été
remplacé, exception faite du toujours charmeur et fédérateur
"Au Delà" et du splendide
"Jim" malheureusement sans
Jennifer Charles. Murat le prolifique
nous prouve encore, si besoin était, que des belles chansons
s'écrivent encore en France et que la source est loin d'être
tarie.
Il nous prouve surtout qu'un artiste peut sans craindre l'insuccès
éviter de tourner ...20 ans durant avec le même répertoire
de peur de perdre son public
devant un public conquis, mais pas hystérique, Jean Louis
Murat entame la soirée sur "Parfum
d'acacias dans le jardin" sur un rythme lancinant et
prometteur d'un concert électrique à la hauteur du
précédent... 2 minutes d'intro plus tard , Murat se
décide enfin à faire parler sa voix nonchalante.
Dans le registre des nouvelles chansons, nous aurons également
droit à "La petite idée
derrière la tête" taillée pour le
live et également présente sur le DVD ainsi que le
très entraînant "Dix mille
(Jean) Louis d'or" ou encore le duo avec Camille intitulé
"Ce qui n'est pas donné est perdu"
et qui chanté en harmonie entre Jean Louis et Camille ferait
presque oublier que cette dernière chante faux... Mais comme
c'était son anniversaire et que Murat semble beaucoup y tenir,
on lui pardonnera. On pardonnera donc à Camille ses guignoleries
et ses danses de potaches écervelées notamment sur
"Le cri du papillon" sur l'intro
duquel elle fait des sauts de cabri... Plus difficile de lui pardonner
son passage incongru sur la scène, comme dans son salon,
le premier soir alors que toute lumière baissée, Murat,
seul sur scène, avait entamé en acoustique un superbe
"Le voleur de Rhubarbe".
Sympathique jeune fille aux pieds nus qui serait tout de même
bien inspirée de travailler sa voix (bien que la version
de Jim fut tout de même meilleure le deuxième soir,
sans verser comme la veille dans une piètre imitation de
l'inimitable Jennifer Charles).
Le reste du set était donc composé de chansons de
Lilith, revues et parfois corrigées de façon superbe
à l'image de l'arabisant "A La
morte fontaine" incroyablement intense, ou le toujours
émouvant "Se mettre aux anges"
paré de nouvelles paroles.
Comme lors de ses concerts précédents Murat terminera
par un "Le jour du jaguar"
tendu et endiablé, de presque 15 minutes, splendide.
En fait ce qui est bien avec Murat c'est que l'on sait que quoi
qu'il arrive ses concerts seront un moment unique, une vraie performances
d'artiste qui aime son art ... imprévisible et génial
... on lui pardonnera tout le reste... Revient quand tu veux Jean
Louis.
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