Ce soir, exit les groupes d’indie-pop-rock mélodiquo-branchouilles et précieux qui pullulent comme le chiendent entre les rockailles.
Ce soir, c’est un vent de folie qui va sortir des enceintes du fil. Les groupes qui jouent sont pour ainsi dire des furieux. De fait, même si je ne m’attends pas à voir une longue file d’attente à l’entrée, la salle est tout de même relativement bien remplie.
C’est Cheveu qui sème le premier grain de la tempête. Le trio utilise une boîte à rythmes, une guitare et un casio cash converter. Avec ceci, Cheveu nous produit de l’électro-punk jouissif, une expérimentation minimaliste et bruitiste.
Hommage à la ville, le gratteux débarque sur scène avec un vieux maillot de l’ASSE, mais c’est rapidement le chanteur qui attire l’attention sur lui. Grand et sec, l’homme se tient voûté dans une sorte de convulsion figée. Il libère ses pulsions dans le micro et triture sa voix dans tous les sens avec sa table. A lui tout seul, il fait tout le charisme et la folie du groupe.
Un certain sentiment de frustration émane alors lorsque ses hurlements sont étouffés par les autres instruments. Les paroles décalées sont difficilement discernables et ils font au moins connaître les chansons par cœur pour les deviner. La faute à un son mal réglé. Malgré ce défaut, l’énergie monte dans le public au fur et à mesure du set et les têtes remuent anarchiquement devant la scène. La prestation se termine beaucoup trop tôt, et malgré les bis de la foule, le groupe se soumet aux ordres d’un rabat-joie, plus obnubilé par les horaires à respecter que l’intérêt du spectacle.
C’est au tour de DOPPLeR. Le groupe lyonnais est venu montrer que dans la capitale des gaules aussi on savait faire du bruit. On passe d’une forme autisme déjanté à celle d’un trouble obsessionnel furieux. La formation est composée d’un guitariste, d’un batteur et d’un bassiste. DOPPLeR officie dans le genre rock noise à tendance frénétique. Les gratteux nous balancent un gros son bien saturé qui fait trembler les murs.
Les morceaux ne baissent jamais de rythme et maintiennent la pression tout le long. Différentes boucles répétitives s’enchaînent avec ardeur et donnent un côté hypnotique aux morceaux.
Malgré la posture très statique des musiciens, le jeu est d’une nervosité extrême. Les flashs blancs qui éclairent la scène résonnent à l’allure des soubresauts de la musique.
Sur plusieurs titres, des paroles viennent accompagner la musique souvent scandées via un mégaphone, rajoutant au côté apocalyptique du groupe. Le batteur possède une belle part lui aussi en livrant un jeu touffu puissant et incroyablement carré. L’énergie déborde mais reste toujours maîtrisée.
Le set se termine et annonce la fin du concert, mais c’est un point de départ pour la suite de la nuit qui sera aussi déjantée que la musique proposée au fil. Mais cela est une autre histoire… |