Turzi est de retour : après deux ans d’absence et le psychédélique A centré sur le monde, les Versaillais nous vantent désormais les mérites des voyages avec un grand… B. Que l’on soit bien clair, pas question de dyslexie ou de grippe (même si c’est de saison), le "B" sert de base aux dix titres qui composent ce nouvel opus, chacun portant le nom d’une métropole commençant par cette lettre.
Pas très inspirés pour les titres d’album (voire par les pochettes : faut-il voir dans ce cercle coloré une énigmatique représentation du réchauffement climatique ? Une allégorie du déclin des ventes de disques ?), Romain et ses Four Organs le sont en revanche beaucoup plus en ce qui concerne les compositions.
Ce deuxième volet d’une trilogie annoncé surprend en effet par la diversité des horizons visités ; on reste bien évidemment sur une base très électronique, instrumentale (à l’exception de quelques textes parlés et des deux invités de renom), nappée de claviers mais sans être à l’abri d’une guitare rageuse rugissant au détour d’une boucle.
Décollage immédiat, "Beijing" nous transporte dans un univers singulier électro-gothique : attachez les ceintures, le voyage promet d’être riche et agité.
Prochaine escale "Buenos Aires", morceau obsédant qui ne détonnerait pas en bonus Track de Blade Runner, tant ça fleure bon le film d’anticipation. Un violon très Londinium vient relancer la machine à mi-parcours, histoire de respirer un peu…
Le chaud/froid d’un "Bombay" limite indus suivi d’un "Bethlehem" hindouisant et hypnotique, permet de calmer les corps et les esprits avant la petite Bombe entêtante "Baltimore" et le featuring de Bobby Gillespie himself, échappé de ses Primal Scream.
A "Brasilia", le décalage horaire commence à se faire sentir et les paupières se font plus lourdes… Il faut arriver sur "Baden Baden" et sa rythmique martiale pour reprendre de l’altitude ; on se trouve rapidement en terre connue sous ces faux airs de Depeche Mode, période Music for the masses, quand Gahan & Gore s’amusaient déjà à triturer leur "Never Let Me Down Again", pourtant impeccable.
Pour achever le voyage, l’ovni "Bamako" accueille en guest, pendant plus de 9 minutes, une Brigitte Fontaine dans son élément, scandant avec moult réverb’ un texte ésotérique plein de mystères sur fond de synthés psychédéliques. On n’est manifestement pas dimanche ou alors le mariage est très sombre et sépulcral ! "Nous sommes des mutants sur le vaisseau du temps", tout est dit !
Tonnerre ! Pas de Brest, pas de Bordeaux sur la liste, mais que c’est Bon de sortir de chez soi ! |