Si la pochette de Finistériens n'a vraiment rien d'exceptionnelle, un détail marque néanmoins : l'expression et l'orientation du visage de Miossec m'ont de suite fait penser à un faciès très Bashung, l'un des guides du breton.
Est-ce à dire qu'il y a du Bashung sur Finistériens ? Toujours est-il que malgré le titre, Christophe n'a absolument pas essayé d'injecter des instruments folkloriques bretons dans ce nouvel opus, juste qu'il s'est entouré de Yann Tiersen, entre finistériens quoi !
D'emblée, "Seul ce que j'ai perdu" est une ballade folk au départ, bien arrangée, sur laquelle Miossec pose une voix sensible et équilibrée à la fois.
Elle mue rapidement en une sorte de trip-hop cosmique au synthé sur une ambiance bien prenante. La fin de cette entame – un peu courte – m'amène à imaginer un album riche, bien produit, bien travaillé, un truc envoûtant à la Fantaisie Militaire.
Malheureusement, cet emballement sera de courte durée au sortir de ce "Seul ce que j'ai perdu", l'un des meilleurs efforts de l'album.
Effectivement, l'enthousiasme retombe bien vite sur "Les joggers du dimanche", morceau assez léger, tant musicalement – mélange de cordes et accords de guitares pas transcendants – que sur le texte, pas pertinent pertinent. Les choses s'améliorent franchement sur "Les Chiens de paille" (la patte Tiersen y est énorme), belle écriture sur le monde du travail, soutenue par une douce mélodie au piano, simple mais prenante.
Le chant de Miossec y est encore fluide et émouvant.
"A Montparnasse" est pour moi l'un des titres les mieux composés de l'album. Il évoque une rupture amoureuse (thème récurrent chez le Brestois), terriblement bien construit, où chaque instrument vient s'ajouter progressivement, piano en rythme d'abord, puis batterie bien présente, bons riffs de guitare ensuite, pour finir dans un ensemble de sons barrés, bien tripants.
A l'image de cet album en dent de scie, les deux morceaux qui suivent sont un peu décevants, moins d'intensité sur "CDD", sorte de bilan sur une vie de couple, pas franchement optimiste, musicalement un peu décevante. "Nos plus belles années", avec d'agréables arrangements de cordes, ne décolle pas non plus.
A la moitié de l'album, histoire de stopper la comparaison, le mélange de cordes-piano-guitare et synthé derrière Miossec est encore très loin de la maîtrise du groupe qui accompagnait le divin Bashung.
Même si un peu de rock fait du bien sur ce "Jésus au PMU" bien rythmé, assez accrocheur sur les guitares et ses bruits cosmiques tout autour, tout cela est de courte durée sur un sujet qui me laisse perplexe, n'ayant pas tout compris. Bonnes guitares, bonne ambiance de claviers hypnotiques sur "Haïs-moi", dont on se dit qu'il serait bien taillé pour du live.
Beau mais triste morceau que "Fermer la maison", sur lequel il manque quelque chose de vraiment poignant, point de mélodie marquante.
Enfin, force est de reconnaître que "Loin de la foule" est très réussie, montée progressive en intensité sur des ambiances de guitares planantes saturées et de cordes stridentes.
Miossec y chante encore admirablement bien. L'album s'achève sur une très belle ballade ("Une fortune de mer"), doux piano accompagné de sons aux synthés très sombres et oppressants, dans une ambiance qui fout le bourdon.
Bilan : difficile de trouver les atouts de ses prédécesseurs sur ce septième effort, loin de l'épuré et écorché Boire, franchement moins populaire que A prendre, pas la profondeur de L'Etreinte, il manque à ce Finistériens de la force, de l'intensité, à l'image de Miossec qui a, certes, gagné de la maîtrise et du grain sur sa voix mais perdu en rage. |