Comme on ne peut décemment pas évoquer la musique sud-africaine sans parler de Johnny Cleg, débarrassons-nous du protocole tout de suite :
BLK JKS est un groupe sud-africain et leur musique, même si certains titres sont chantés en zoulou, n'a rien à voir avec le kitchissisme zoulou blanc au grand cœur. Voilà, ça c'est fait.
BLK JKS est donc effectivement originaire de Johannesburg mais puise son inspiration bien au-delà des frontières avec, pour preuve, que cet album, After Robots, a été enregistré aux Etats-Unis d'Amérique et que leur label est également américain puisqu'il s'agit de Secretly Canadian.
Difficile d'ailleurs de caractériser et de situer la musique de BLK JKS promenant leur virtuosité de musiciens aussi bien du côté du jazz, du dub, du rock ou encore de la folk sud-africaine, voire de la pop sur le doucereux "Standby", peut-être le titre le plus dispensable du disque encore que sa ryrhmique changeante et tordue le sauve d'une vague imitation de Brit pop.
Rythmique qui, d'ailleurs, est un des atouts majeurs de ce disque, tant le batteur fait des merveilles.
Plus concrètement, le jeu de batterie, les rythmes à contre-temps, les guitares aventureuses rappellent souvent le HIM de Doug Sharing pour le côté jazz et les Broken Social Scene pour le côté faussement bordélique. "Lakeside" est la parfaite synthèse non exhaustive à n'en pas douter de ce dont est capable le groupe. Batterie affolante, chant débridé, guitares rock et montée en puissance inévitable réalisant un pont impeccable avec "Taxidermy" qui lui succède dans un déluge sonore jouissif. "Kwa Nqingetje" canalise quelques minutes l'énergie du groupe sur un titre un peu planant, presque Cold Wave, sur lequel on s'attendrait presque à croiser le Bauhaus, Bowie ou les Fields of the Nephilim. Étrange et beau.
Sur After Robots, on va de surprise en surprise. Inutile de chercher, il n'y a pas moyen de s'ennuyer une seule seconde sur cet album même sur l'ultime titre, "Tselane", sobre et acoustique façon Slam zoulou impeccablement en place.
After Robots est sans doute un des disques qui font se rapprocher les continents et qui ne feront plus voir le terme "world music" que comme un des derniers signes de l'Apartheid. Un disque assurément excitant et un groupe à surtout ne pas perdre d'oreille ! |