Le Bateau-usine pour la première fois traduit en français a été écrit il y a 80 ans. Ce livre est considéré comme un classique d'un genre de littérature du début du XXème siècle : la littérature prolétarienne. Son auteur Kobayashi Takiji est mort à 29 ans torturé par la police. Voici trois raisons qui peuvent éveiller votre curiosité et vous pousser à lire ce roman.
Bien plus qu'un recueil qui pourrait être considéré de prime abord comme un pamphlet des idées communistes de l'époque, c'est aussi et surtout un récit entrainant et une description implacable des conditions misérables de travail à bord d’un navire usine voguant à travers la redoutable mer d’Okhotsk entre le Japon et la Sibérie.
Embarqués à bord du Hakko-Maru, des paysans, des ouvriers, des étudiants sans ressources s'improvisent pêcheurs et tentent leur dernière chance dans ce travail qui ressemblera dès que les amarres seront larguées à un enfer sur la mer. Le style cru de ce récit nous donne l'impression d'être plongé dans les entrailles d'un monstre froid et humide, où la vermine et la pestilence vous collent à la peau comme à celle de ces malheureux. Mais plus que la dureté du travail, c'est leur exploitation sans limite par la compagnie et la sensation de perdre
leur humanité qui va les pousser à réagir...
L'exploitation de l'Homme par l'Homme est au cœur de ce roman. C'est peut-être pourquoi il
a rencontré en ces temps de crise économique un véritable écho dans la société japonaise.
80 ans après son écriture, les ventes de ce livre ont connu un véritable boum avec plus d'un million d'exemplaires vendus en 2008. Une série de mangas ainsi qu'une nouvelle version filmée en a également été tirée. Ce phénomène semble être le reflet d’un sentiment d'insatisfaction et d'inquiétude grandissant dans la société japonaise et notamment des jeunes travaillant dans des conditions instables.
Si vous voulez découvrir un autre Japon que celui des stéréotypes qu'on vous présente sans cesse, lisez ce livre ! |