Dans
le cadre de la Saison de la Turquie en France qui a commencé
en juillet 2009, la Réunion des
Musées Nationaux et la République
de Turquie ont organisé au Grand Palais une exposition
consacrée à l'histoire et au destin hors du commun
de Istanbul, ville mythique de Turquie.
En effet, "De Byzance à
Istanbul - Un port pour deux continents" célèbre
la pérennité et la vocation multiculturelle d'une
cité plurimillénaire à la situation doublement
stratégique, tant continentale que maritime, entre l'Orient
et l'Occident, qui est devenue une mégalopole de 14 millions
d'habitants et qui sera Capitale européenne de la culture
en 2010.
La commissaire générale, Nazan
Ölcer, directrice du Musée Sakip Sabanci
à Istanbul, insiste sur la ligne directrice de l'exposition
qui est de rappeler que l'histoire d'Istanbul fait partie intégrante
de l'histoire de l'Europe et toutes les oeuvres sélectionnées
témoignent d'un cosmopolitisme atavique.
L'exposition regorge de pièces magnifiques qui sont
présentées dans une scénographie époustouflante
du tchèque Boris Micka consistant
en une véritable mise en scène des volumes, voire une théâtralisation
des espaces de monstration, qui infère une esthétique
et une dynamique spectaculaires.
Istanbul la perle de la Corne d'Or
L’exposition conçue de manière chronologique
raconte donc l'histoire de Byzance, née dans une grotte
à l'ère du paléolithique, petite ville
fortifiée qui deviendra successivement capitale de deux
empires, l'Empire romain sous le nom de Constantinople et de
l'Empire ottoman sous le nom d'Istanbul.
Au premier niveau, le visiteur est happé par le volume
monumental de la salle d'exposition consacrée à
Byzance, l'antique, et Constantinople, la byzantine, et son
imposant défilé de vitrines enchassé dans
des piliers qui symbolisent l'ancienne muraille de la ville.
Eclairages tamisés, verre et panneaux noirs en miroir
animent la statuaire antique, dont une reconstitution de fontaine
du 2ème siècle avec ses statues en marbre blanc
et en calcaire noir, les décors en céramique,
les bijoux byzantins d'un raffinement exemplaire et les objets
de culte d'un christianisme mystique.
En transition, au pied de l'escalier menant à l'étage,
l'évocation du siège de Constantinople par les
troupes du jeune sultan Mehmet II sous les feux du canon face
à la ville protégée par la chaîne
de fer qui bloquait l'entrée de la Corne d'or, est impressionnante.
En haut de l'escalier, sur fond musical liturgique, encore
une idée judicieuse et visuellement très réussie
: une coupole virtuelle permet la projection des plus beaux
dômes d'Istanbul devenue la ville aux mille mosquées.
A l'étage, tente d'apparat et tapis à médaillon
sous un éclairage en clair-obscur rouge introduisent
la période de Istanbul, l'ottomane.
L'exposition retrace les rites et les fastes de la vie de cour
des empereurs Mehmett II et Soliman le Magnifique avec notamment
quelques pièces du Palais de Topkapi, le palais des arts,
de même que le rayonnement des arts décoratifs
ottomans.
Après un panorama de photographies d'archives et des
scènes contemporaines prises sur le vif projetés
sur un triple écran qui montre l'évolution de
la ville depuis un siècle, l'exposition se clôt
en apothéose.
L'exposition se clôt avec une salle en ligne de fuite,
comportant les vestiges du port de Théodose trouvés
lors de la construction du métro, laissée nue
est simplement encadrée de deux écrans géants
pour une double projection murale du film de Kutlug Ataman sur
le Bosphore entre lesquels est posée l'épave d'une
embarcation du 9ème siècle au chargement intact.
Quand le passé resurgit pour porter témoignage... |