18h. Bons élèves, nous sommes à l’heure pour cette grosse soirée des Inrocks, qui présente somme toute, une programmation alléchante. Du rock, plutôt jeune mais néanmoins déjà bien poilu.
Ce sont les jeunes toulousains de The Dodoz qui ouvrent le bal. Seulement 20 ans (en moyenne) et pourtant, les quatre font déjà le show comme s’ils en avaient 10 de plus. Une grande assurance et une maîtrise toute aussi grande se dégagent de leur prestation.
La demoiselle au chant n’économise pas sa voix non plus, et nous gratifie d’envolées rageuses, là encore, très bien maîtrisées.
Renseignements pris, le petit phénomène qu’est Dodoz écume les scènes depuis déjà 6 ans et a parfait son professionnalisme en ouvrant pour (rien de moins que) Franz Ferdinand ou Babyshambles.
Petit bémol tout de même, leurs compositions post-punk, bien qu’efficaces, manquent un peu de personnalité. Beaucoup de références se bousculent de façon encore trop évidentes mais avec autant d’énergie positive, on a envie de faire confiance au potentiel créatif de Dodoz.
S’en suivent les californiens de The Soft Pack. Souvent comparés aux brillants (des dents) Black Lips (ça tombe drôlement bien), nous sommes personnellement ravis de les revoir ce soir. Après avoir assisté à trois de leur représentations cette année, nous avons hâte de retrouver leurs titres indie-rock-garage.
Comme à l’accoutumé, les américains calés derrière leur look de prem’s de la classe n’exultent pas de bonheur. Pas grave, c’est le son qui compte.
Mais là encore, les titres s’enchaînent sans que les choses ne décollent vraiment. Pas mal de nouveaux titres, serait-ce l’explication ? On ne saura dire.
Pourtant, la salle pas encore remplie semble apprécier. Les têtes se secouent tel un acquiescement répétitif et sans fin, et les applaudissements entre chaque morceau sont copieux.
Leur très bon "Extinction" est fortement apprécié, ainsi que l’attitude désinvolte de Matt Lamkin, qui habille parfaitement des paroles désabusées. Leur premier album est enfin annoncé pour février prochain… tout vient à point à qui sait attendre !
Le prochain groupe à venir se produire sur la scène de la Cigale est Little Boots. A l’œil, c’est déjà proche du vulgaire, une fausse blonde en robe moulante à paillettes tapotant sur des appareils électroniques non identifiés, mais à l’oreille c’est encore pire. Véritable bug dans la programmation de cette soirée (au sens propre comme au figuré, puisque qu’il faudra redémarrer le Mac dès le deuxième morceau), la pop-dance de la demoiselle façon Kylie Minogue fait tache.
Une amie un peu plus au fait nous explique que la demoiselle est une self-made-woman issue d’internet et que son grand tube n’est autre que "Stuck On Repeat". Jamais entendu parlé, grand bien nous fasse. Passons.
C’est l’heure du rideau. Tache ardue pour qui s’y prête devant un public généralement peu concentré, mais bonne rampe de lancement pour qui s’en sort dignement. L’année dernière, nous avions découvert Zak Laughed, ce jeune folkeux auvergnat qui a depuis (à défaut de grandir) bien fait parler de lui.
Ce soir, c’est Féfé. Le jeune homme commence effectivement à faire son buzz et on comprend pourquoi. Accompagné d’un guitariste et d’un choriste, le jeune homme balance sa gouaille. En ressort un rap/slam folk tout à fait original. Et Féfé sait y faire avec le public. En seulement quelques titres, il parvient à faire chanter une audience toujours difficile à motiver.
Passons enfin aux choses sérieuses avec les Black Lips. Comme prévu, dès le premier titre, c’est le pugilat dans la fosse et très bientôt sur la scène.
Après seulement 10 minutes de concert, "O Katrina" rend la jeunesse des premiers rangs complètement dingue. Les voilà un par un qui envahisse la scène, se mettant à beugler dans les micros, à embrasser les musiciens, à se dandiner crânement devant un service de sécurité qui n’a rien vu venir.
Pourtant, la réputation qui colle au basque des Black Lips et de leur show est bien connue ! Enfin, les quatre d’Atlanta réveillent ce festival qui commençait sérieusement à s’encroûter.
Avec leurs tubes garage-punk, les Black Lips mettent à feu et à sang la salle et par conséquent, le service d’ordre se montre très musclé, voire violent. Leur reprise de Dutronc "Hippie Hippie Hourah" calmera pendant 3 minutes les esprits, mais pas plus. Avec "Bad Kids", le joyeux bordel est à son comble mais les américains ne fléchissent pas et contrairement à leurs prestations des débuts, jouent jusqu’au bout. 50 minutes de pur bon rock, aussi bien dans l’esprit que dans un son issu de l’authentique et surtout du meilleur. Un grand bravo à eux pour ce décrassage salvateur.
La soirée finira sur une grosse tête d’affiche chevelu. Madame Ebony Bones vient ce soir faire son show haut en couleur. La salle paraît comble et après l’échauffement Black Lips, elle en redemande. Ebony l’a bien compris et ne décevra pas. Du gros son rock mais pas que, envahit les corps impatients de se remuer encore. Le show est tribal avec ses nappes de son dancehall et le chant hurlé/saccadé de la dame colorée. Sur scène, les choristes se secouent comme des endiablées au rythme des incantations de la maîtresse de cérémonie. Ebony Bones enchaîne les tubes de Bone Of My Bones mais fait aussi preuve d’éclectisme en reprenant "Another Brick In The Wall" des Pink Floyd, mais également "I Wanna Be You Dog" des Stooges, en guise de sucrerie de fin de set.
Ces deux derniers shows auront fait heureusement oublier la boulette Little Boots et nous auront laissé bien heureux, rejoindre le métro sous les quelques gouttes de pluie froide qui commencent à tomber. |