Le roux est très tendance, de l’énergie, une invasion anglaise... Résumé de la deuxième soirée toulousaine du festival.
Et c’est reparti pour un tour, à peine remis des émotions de la veille... Première bonne nouvelle, le public a enfin répondu présent ; il est vrai que l’affiche est belle et que la perspective d’un jour de repos post-festival est motivante.
Les jeunes Irlandais de Two Door Cinema Club ont la lourde tâche d’ouvrir les festivités, très tôt dans la soirée. La Roux de secours (le groupe assurant le remplacement de la demoiselle, contrainte d’annuler sa tournée française en raison de cordes vocales récalcitrantes mais avec mot d’excuse à l’appui) fait plus qu’assurer l’intérim. Avec un son très Klaxonisant et l’énergie des Foals, ils vont parvenir à secouer un public relativement jeune, dynamique et d’ordinaire bien difficile à convaincre. Sommets de leur prestation, "Something Good Can Work" et le single à paraître "I Can Talk" laissent déjà des traces dans les jambes encore lourdes de la veille. A suivre de près…
Le Bikini est désormais bien rempli et la bière coule à flot pour le plus grand bonheur d’Hervé, le patron des lieux, qui œuvre au bar. A noter une très forte présence anglaise, à l’origine de l’ambiance un peu survoltée qui règne ce soir : on se croirait presque dans les travées de Benicassim un soir de juillet ! De mémoire de Bikinien, on avait rarement vu ça…
La soirée se poursuit avec la charmeuse Lissy Trullie. Rien à dire, la parité est pour une fois respectée puisque la programmation fait cette année la part belle aux artistes féminines. Dotée d’un joli timbre de voix, look et mèche savamment travaillés, la top modèle New-Yorkaise délivre un set sage et honorable, ponctué d’un entraînant "Self-taught Learner" et d’un "Ready for the Floor" très réussi.
La pause sera longue, très longue… le temps sans doute d’installer l’imposant decorum qui accompagne Florence and the Machine. Le public patiente, aidé en cela par une ambiance musicale qui n’a (heureusement !) plus rien à voir avec la veille (il semble que la raison ait fini par l’emporter) : les chants grégoriens sont donc rangés au vestiaire, remplacés par l’hymne euphorique de The Drums, Lykke Li et même une reprise du "Killing Moon" d’Echo & the Bunnymen.
Je reviens au décor soigné de F&TM : un joli fond coloré, de petites lampes disposées un peu partout, des fleurs qui ornent enceintes et micros, et beaucoup de place dégagée pour la petite équipe : pas moins de six musiciens. Dès l’entrée sur scène, Florence Welsh entame ses vocalises, accompagnée par quelques accords frottés sur une harpe imposante.
Le ton est donné : la puissance vocale dégagée est tout bonnement sidérante et tout le monde reste la bouche ouverte… Personnellement, je n’avais pas ressenti ça depuis la prestation de Sigur Rós et Geneva (voire même le Muse des débuts) il y a un bail…
Impressionnant. Un concert dense, tendu, une voix soul parfaitement maîtrisée de bout en bout, des compositions magnifiques, le tout accompagné par des musiciens discrets au service de la belle rousse (soirée thématique !). Ajouté à cela une présence scénique oscillant entre assurance et timidité ("Stop shoving, that terrifies me !") qui rajoute au charme de la Londonienne.
Les morceaux de "Lungs" prennent véritablement tout leur potentiel sur scène, profitant au passage de l’acoustique exceptionnelle du Bikini. Décrit comme du folk-pop, le style musical navigue allègrement entre Beth Orton et Dolores O’Riordan (pour la puissance). Difficile de dégager des titres parmi la flopée de tubes potentiels : "Kiss with a Fist", "I’m not Calling You a Liar", "Dog Days are Over", "Howl" récoltent un joli succès à l’applaudimètre.
Pour une fois la hype est pleinement justifiée et l’on devrait reparler très vite de Florence et de son organe !
Pas évident d’enchaîner après une telle claque. Les américains de Passion Pit s’y collent avec courage, malgré un batteur handicapé (il s’est coincé les doigts dans une porte peu avant et semble souffrir le martyr). La voix reste bloquée dans les aigus, et les chœurs enregistrés sur la quasi-totalité des refrains sont un peu dérangeants ; malgré tout, ils remportent à l’énergie les suffrages et provoquent même les premiers slams de la soirée. Le rappel sur "The Reeling" est l’occasion d’une invasion de la scène par l’ensemble des groupes du soir, pour un final foutraque et bon enfant, témoignant de l’ambiance qui semble régner dans les loges !
En conclusion, une bien belle édition 2009 ! Merci aux Inrocks pour cette programmation défricheuse, à large spectre (électro, pop, folk, rock, funk…) qui une fois de plus aura tenu toutes ses promesses. |