Soirée en deux temps, ambiance surréaliste, un Bikini retrouvé, des couleurs bigarrées... Retour en détail sur la première nuit toulousaine du festival.
Lundi soir… Ce premier jour de la semaine et un brusque refroidissement sur la région Toulousaine expliquent peut-être l’affluence relativement faible que l’on constate dès notre entrée au Bikini. Ajouté à cela, une musique d’ambiance qui fera beaucoup causer (mélange de chants bretonnisant et de composition médiévale ?) et l’atmosphère devient vite surprenante ! La programmation est pourtant prometteuse et suffisamment variée pour plaire au plus grand nombre.
Les New-Yorkais de Violens (qui portent mal leur nom, tant leur musique est paisible) ouvrent le bal, devant un parterre clairsemé. Leur pop mélodique, basé sur des harmonies vocales, se rapproche de tous ces groupes en "The" que l’on a adoré à la fin des années 80 : The Go-Betweens, The La’s, The Inspiral Carpets… pourtant la magie n’opère vraiment que sur deux ou trois titres, le reste sent un peu le réchauffé et on secoue la tête gentiment en se disant que c’était mieux avant.
Après une grosse demi-heure, c’est l’heure de la pause silencieuse ou presque… Le public erre entre le bar et la terrasse, sur fond de Fest-Noz triste (mais qui a donc volé le fameux cd de Eels qui meuble habituellement les changements de groupe ?).
Les affaires sérieuses commencent avec la charmante Little Boots. Repéré sur Internet, ce petit ange blond ne laisse rien au hasard : look soigné, perles électro-pops surfant juste ce qu’il faut sur le revival 80’s… Pas de doute, These Boots are made for dancing… Et ça fonctionne plutôt bien sur un "New in Town" entraînant, un "Remedy" entêtant ou un "Stuck on repeat" qui semble tout droit sorti d’un tiroir de Kylie Minogue. "Earthquake" et "Mathematics", quant à eux, nous rappellent qu’Echobelly, c’était chouette aussi !
Ce côté acidulé finit par agacer mais ce n’est que quelques heures après qu’on s’aperçoit que ces petites mélodies s’accrochent durablement et que ce premier album est finalement rempli de pépites immédiates.
Le temps de reposer les jambes et l’ambiance va changer radicalement : nostalgie & synthés sont mis au placard pour faire place aux Black Lips et au "Flower Punk" brut et direct dont ils ont le secret ! Le ton est donné immédiatement sur un "O Katrina !" qui réveille un Bikini sevré de guitares et qui n’attendait finalement que ça.
La lumière, basique et directe, a l’effet salutaire de réduire virtuellement la taille de la salle et permet l’espace d’un instant de faire revivre notre Bikini d’antan… Les gobelets sont à nouveau jetés par terre, ça se trémousse et ça secoue les cheveux sur le son crado des américains qui n’hésitent pas à partager généreusement leur whisky. Le remuant "Bad Kids" et le survitaminé "Cold Hands" entretiennent les braises. C’est clair, ça ne sonne pas toujours très juste mais tout passe à l’énergie (communicative) et aux tripes (qu’ils ne vomiront pas, à ma connaissance, une fois n’est pas coutume !), avec la sensation qu’ils prennent vraiment leur pied.
Après 45 minutes d’un concert trop court, la petite bande quitte la scène avec la sensation du devoir accompli !
La soirée est vraiment lancée et c’est sur du velours qu’Ebony Bones peut débarquer, profitant d’une salle maintenant chauffée à blanc (et aussi un peu à la bière, faut reconnaître). Quand je dis sur du velours, ce serait plutôt sur de la laine, tant on a l’impression de voir une pub pour une marque de lessive. Elle est en effet vêtue de son traditionnel pull à manches bouffantes très coloré, du plus bel effet. Ses musiciens ont manifestement eu du mal à choisir entre le look Mika ou MGMT et du coup se présentent dans un accoutrement improbable, avec de jolies parures sur la tête qui doivent leur tenir bien chaud ; quant aux deux choristes, elles ressemblent fort à celles d’Amadou & Mariam mais sous amphétamines.
C’est donc à un show complètement barré que l’on assiste ! Le "W.A.R.R.I.O.R" entonné d’entrée de jeu et l’énergie qui s’en dégage rappellent les concerts hallucinés de Peaches.
A noter la reprise soul du "Another Brick in the Wall" de Pink Floyd et celle, sympathique, du "I Wanna Be Your Dog" d’Iggy Pop qui clôt en beauté cette première soirée.
4 concerts, 4 ambiances radicalement différentes… Une fois de plus, les Inrocks ont réussi un Melting Pot pourtant pas gagné d’avance. |