Le Zénith était ce jeudi soir configuré afin de réduire la taille de la fosse. Tous les fauteuils n'ayant pas été vendus, pour préserver l'égo de diva du mancunien, il fallait que les spectateurs soient serrés les uns contre les autres afin de donner une impression de foule compacte.
En première partie, Doll and the Kicks assurent un set efficace. Le son est lourd, les compositions oscillent entre Siouxsie et les Pixies. Devant un drap sur lequel leur nom est projeté, libres de s'ébattre seulement sur le devant de la scène, les instruments pour le Years of Refusal Tour de Morrissey étant déjà installé derrière le drap, le quatuor livre une prestation meilleure que celle généralement offerte par les groupes de première partie de Morrissey. La chanteuse Hanna Scanlon, alias Doll, vêtue d'un simple justaucorps noir et de collants du même métal, coupe à la Louise Brooks, attire tous les regards, sa plastique bien mise en valeur dans son appareillage à la Emily Autumn en plus sobre.
Avant le concert, les craintes d'une nouvelle annulation étaient réelles. Il s'agissait au Zénith du report du concert que le Moz aurait dû effectuer au Grand Rex en juin 2009, annulé pour cause de maladie. Or deux semaines plus tôt, il s'était évanoui dès la première chanson lors d'un concert à Swindon lors d'une des premières dates de cette nouvelle tournée. Alors que sur la pochette de l'album Years Of Refusal, Morrissey apparaît en grande forme, bodybuildé et bronzé, il semblerait que le poids des ans commence à se faire sentir.
Entré en scène, vêtu d'un costume sobre marron et d'une chemise noire, il démarre au quart de tour par une chanson de son ancien groupe, The Smiths, "This Charming Man". Le public suit, l'ambiance est bonne même si l'on n'assiste pas à certains débordements déjà observés lors de certains de ses concerts. Certes Morrissey reste une icône, mais son public aussi a vieilli.
La setlist est de grande classe. En particulier, un "When Last I Spoke To Carol", ouvert par le fidèle Boz Boorer à la guitare espagnole. "I'm Throwing My Arms Around Paris" dans la "city of lovers" reçoit un bel accueil. S'il est excitant d'entendre "Cemetry Gates" des Smiths, la version en est gâchée par le bourrinage des musiciens. "The Loop" avec ses accents rockab', la contrebasse sur le devant de la scène est toujours aussi efficace. La suite révèle encore des surprises, lorsque sont enchaînés "Ask", un des plus gros succés des Smiths, avec "Don't Make Fun Of Daddy's Voice", obscure face b d'un single sorti en 2004, mais y a-t-il des faces b que les fans de Morrissey ne connaissent pas ? Ou encore lorsqu'est interprété "Death At One's Elbow". L'habituel "How Soon Is Now ?" s'achève sous un déluge de son, les stroboscope rouges étourdissant le public tandis que Morrissey sort troquer sa chemise noire contre une chemise bleue, chemise qu'il jettera à la foule à la fin de "I'm Ok By Myself". En unique rappel, le groupe interprètera un "Something Is Squeezling My Skull" aussi pêchu que lors de la tournée 2007.
Alors, même si le son du Zénith était d'une nullité crasse, même si les musiciens de Morrissey sont beaucoup plus à l'aise dans le gros bruit que dans les arpèges que certaines de ses chansons mériteraient, même si Mozzer semblait s'économiser ce soir-là, même si le spectacle était frustrant en raison de sa courte durée – 1h15 –, Morrissey reste quand même une bête de scène incroyable et une des meilleures voix du circuit rock. De plus, en offrant cinq chansons des Smiths pour dix-neufs titres interprétés, il a fait plaisir a un public qui n'en demandait pas tant. Ce concert de 2009 à Paris a encore une fois prouvé tout le talent de cette icône pop. |