Un peu plus d’un an après leur précédent opus arrive dans les bacs Before the frost… (Until the freeze), le nouvel album du groupe d’Atlanta. Enfants terribles du rock n’ roll, les Black Crowes, dignes descendants des bluesmen et autres rockers sudistes, proposent un double album enregistré dans les conditions du live.
Presque 20 ans depuis le premier opus ! Le vol de ces corbeaux a été long, a subi quelques perturbations, du mauvais temps et a finalement débouché dernièrement sur une éclaircie que l’on espère durable. Depuis Shake your money maker en 1990 suivi de l’énorme The Southern Harmony And Musical Companion, les volatiles ont ainsi eu un itinéraire sinueux. On a souvent eu du très bon, du pur et dur rock n’roll, du bon, mais aussi parfois du un peu facile et quelques errements, notamment avec le malheureux Lions. Néanmoins et fort heureusement le dernier album en date Warpaint amorçait un retour en grâce prometteur. Les frères terribles rabibochés ont su redorer leur ramage et revenir à des fondamentaux salutaires.
Alors de quoi s’agit-il cette fois ci ? Y a-t-il du neuf sous le soleil des corbeaux noirs ? Pas vraiment mais ce n’est pas réellement ce qu’on attend d’eux. On ne leur demande pas de réinventer le rock mais simplement de l’incarner en ces temps modernes. De plus en cette période de crise, les Black Crowes apportent leur contribution à la préservation du pouvoir d’achat avec "un album acheté, le deuxième offert". Ainsi un second opus est à télécharger sur internet avec un code présent dans la pochette du disque. Et pour essayer de se démarquer encore un peu plus, leur disque se présente sous la forme d’un enregistrement live devant un public de fans réalisé sur plusieurs séances. Rien ne dépasse, une mise en place redoutable, une technicité affinée au fil des années, pas un poil de pubis qui traine. Et la voix aux accents Soul de Chris Robinson répond toujours aux riffs engagés de son frère Rich. Bien sûr, il y a un peu moins de fraicheur qu’aux débuts, le son est plus travaillé, le savoir-faire évident, mais l’âme du rock est finalement toujours vivace.
Sur Before the Frost..., The Black Crowes affiche un retour vers les racines de la musique du groupe. Ce dernier s’ouvre sur "Good morning Captain" à l’intro ragtime suivi d’un "Been a long time (Waiting on Love)" qui aurait pu figurer sur Amorica. Puis suivent notamment "A train still make a lonely sound" efficace mais convenu, "Appaloosa" une ballade sixties, le folk à renfort de banjo de "What is home" à l’image d’un Led Zep III ou l’étonnant "I ain’t hiding" qui fait bifurquer l’auditeur vers le disco dance floor. Malheureusement, quelques titres dispensables à l’instar de "Houston don’t dream about me" endorment un peu l’auditeur.
Enfin, le dernier titre acoustique "The last place love lives" fait confortablement la transition vers le deuxième volet.
Car cette seconde partie ... Until the freeze (immatérielle, donc) se veut plus roots et plus folklorique. Elle s’ouvre sur "Aimless Peacock" avec des sonorités arabisantes à la sitar, traverse les contrées country avec "Garden Gate" et "Roll Old Jeremiah", fait un crochet par le bayou avec "Shine along 128" et se la coule douce avec les ballades "Lady of avenue A" ou "Fork in the river" qui clôt le diptyque.
Les frères Robinson revisitent ici toutes leurs influences et donnent un double album qui aurait sans doute mérité d’être simple. Un savoir-faire et une technicité sans faille qui ne cachent cependant pas un petit manque de fraicheur sans doute naturel après deux décennies de rock n’ roll. |